THE CEIMSA DOSSIER
UNIVERSITE STEHDHAL-GRENOBLE 3
(2004)
By Marc Olivier, economist
et membre du Centre d'Information Inter-Peuples à
Grenoble, pour
publication dans le bulletin du CIIP.
Le
campus de l'université Stendhal est le théâtre d'un
véritable coup de force du
Président Chézaud ("et de
son équipe",
comme l'écrit Florence Dalmas dans
un long article du
Dauphiné Libéré du 7 septembre) contre un centre
de recherche de l'université
trop dynamique et considéré de ce fait comme "atypique".
S'appuyant
sur le refus du Ministère de
La
validité juridique de ce coup de force semble sujette à
caution et elle est
mise en cause par diverses actions engagées devant le Tribunal
Administratif.
Dans nombre d'universités en effet existent des centres de
recherche qui ne
reçoivent de soutien financier ni du gouvernement ni de leur
université et ne
sont pas pour autant "en extinction". D'autre part le Conseil
d'Administration de l'université Stendhal, seule instance
décisionnelle
reconnue par la loi, semble ne s'être pas prononcé.
Mais le
vrai problème est ailleurs: pourquoi avoir voulu faire un
"nettoyage
scientifique" aussi brutal, dommageable pour les étudiants du
professeur Feeley, pour un public
grenoblois de plus en plus large et
pour de nombreux chercheurs dans le monde entier? Et finalement aussi
pour
l'image de l'université Stendhal ? Comme le déclare le
communiqué du SNCS, il
s'agit de toute autre chose:
"
En fait, pour tous ceux qui ont suivi les activités du
professeur Feeley et du CEIMSA, la raison
est claire: au lieu de
dispenser au public français les analyses "politiquement
correctes",
insipides et pleines de non-dits des courants de pensée "bien en
cour" sur l'histoire et la société des Etats
Unis, sur leur politique intérieure et extérieure,
Francis Feeley
met en lumière les réalités de ce grand pays, ses
contradictions, les luttes
sociales qui ont traversé son histoire et qui continuent
à y faire rage
aujourd'hui. Bref c'est un "radical" au sens américain du terme
et ne
voilà-t-il pas que l'université d'Austin au Texas
demandait à ce professeur de
l'université Stendhal de faire cours à ses
étudiants ? Il ne fait pas de doute
que pour les courants conservateurs et bien pensants, il devenait
difficilement
supportable de laisser le public français et étranger
accéder librement aux
textes diffusés par cet intellectuel critique des pouvoirs
établis. Et pour
jeter un site WEB à la corbeille, rien de plus simple que de supprimer
le centre de recherche qui le développe. .. Les
dirigeants de
l'université Stendhal se sont donc rendus coupables de censure
scientifique
pour raisons politiques."
Ce coup
de force de la présidence de l'université Stendhal
soulève des protestations
très larges, à Grenoble et dans le monde entier, qui
reflètent l'intérêt que
portent de nombreux étudiants, chercheurs et usagers du web aux
travaux dirigés
par le professeur Feeley. Parmi ces
réactions, citons
seulement celle d'un ancien Secrétaire Général de
l'université Joseph Fourier,
qui lui écrit:
"J'ai
suivi avec un grand intérêt les rencontres que vous avez
organisées sur la
civilisation américaine, et je vous suis très
reconnaissant pour les
informations ainsi recueillies. Il n'est pas compréhensible,
compte tenu de
l'importance vitale pour tout citoyen de l'Europe et du monde de
comprendre les
ressorts cachés de l'empire américain qui aspire à
réguler nos vies, que
l'université française ne se donne pas les moyens de
pérenniser vos travaux et
de les rendre accessibles au plus grand nombre. Je participerai
volontiers aux
actions de solidarité que vous jugerez bon d'organiser."
Cette
affaire (peut on la qualifier de
"stendhalienne"?) est en passe de connaître des
développements
inattendus. Face à la politique malthusienne du gouvernement
français, qui
refuse d'accorder aux universités des crédits suffisants
pour mener leurs
activités de recherche, face aux manœuvres mesquines des
courants
conservateurs qui, pour des raisons insignifiantes, mettent en cause la
liberté
de recherche et les ouvertures internationales, une véritable
solidarité
transnationale du service public universitaire se manifeste à
cette occasion.
C'est en effet l'université de Californie à San Diego qui
a offert
provisoirement l'hospitalité de son serveur au professeur Feeley,
en attendant que le site du CEIMSA puisse être
réimplanté sur le campus de
Grenoble. Les étudiants grenoblois peuvent donc à nouveau
consulter cette
source documentaire en se branchant sur un serveur du service public
universitaire californien, où ils trouveront le site du "CEIMSA
IN EXILE"...
Voici l'adresse, pour ceux de nos lecteurs qui s'intéressent
à la société et à
la
civilisation des Etats Unis: <http://dimension.ucsd.edu/CEIMSA-IN-EXILE/index.html>
.
Espérons que cet avatar renforcera les relations universitaires
entre les
campus de Grenoble et de Californie, une conséquence sans doute
inattendue pour
le président Chézaud et son
équipe...
Marc Ollivier