THE CEIMSA DOSSIER

UNIVERSITE STEHDHAL-GRENOBLE 3

(2005)

 

DOCUMENT #61

Rapport sur la conférence de presse, le mardi , 3 mars, à la Maison des Associations en Grenoble.


 

12 mars 2005
Grenoble, France

Chers collègues et amis du CEIMSA,
La conférence de presse organisée par le comité de soutien pour le rétablissement du CEIMSA à l'Université Stendhal a attiré environ 60 personnes dont plusieurs journalistes. Ci-dessous cinq textes provenant de cette conférence de presse.


A : un compte rendu de la conférence de presse du 3 mars au cours de laquelle Susan George (Vice-présidente d'ATTAC) et plusieurs

autres spécialistes ont parlé des questions que soulève la censure du centre de recherches en Etudes américaines de l'Université Stendhal.

B : une lettre de Frederick Labaron, Directeur de l'association "Raison d'Agir à Paris et l'auteur du livre "Universitas calamintatum : le livre noir des réformes universitaires, qui réaffirme son soutien au CEIMSA et exprime son regret de ne pouvoir être présent à la conférence de presse.

C : une lettre de Christian de Montlibert, professeur de sociologie à l'Université Marc Bloch de Strasbourg, et l'auteur du livre "Savoir à vendre : l'enseignement supérieur et la recherche en danger", qui exprime lui-aussi le souhait de voir le rétablissement du CEIMSA à l'Université Stendhal.

D : le résumé de l'Intervention de Marc Ollivier, mandaté par le SNCS, à cette conférence de presse organisée par le «Comité de soutien pour le rétablissement des activités du CEIMSA et de l’accès public à ses fonds documentaires sur le serveur de l’université»
        

E : une description du site internet du CEIMSA, par Marc Ollivier, pour ce qui n'ont pas eu le temp de le visiter.
Et, en fin,

 

F : la pièce-jointe (critique du "compte rendu".doc) est une critique du compte rendu falsifié du meeting du CS le 22 septembre 2004, avec une lettre du professeur Feeley addressé aux membres de l'ancien Conseil Scientifique et de l'ancien Conseil de l'Administration à l'université Stendhal en novembre 2004.

 

F. Feeley
Professeur de civilisation américaine
Directeur de recherches
Université Stendhal-Grenoble 3
http://dimension.ucsd.edu/CEIMSA-IN-EXILE/

 


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A.

Compte rendu de la conférence de presse du 3 mars 2005
Grenoble, 3 mars 2005: un groupe d’étudiants et de doctorants de l’université Stendhal, après avoir créé un «Comité de soutien pour le rétablissement des activités du CEIMSA et de l’accès public à ses fonds documentaires sur le serveur de l’université», organisent une conférence de presse à la Maison des Associations de Grenoble. Ce Comité regroupe actuellement une cinquantaine d’étudiants et de doctorants, une dizaine d’enseignants chercheurs et de chercheurs et quelques organisations: le SNCS-FSU, Raison d’Agir, les Amis du Monde Diplomatique, ATTAC.
Julia Hébert Perceval, au nom de ce Comité, dénonce le comportement des dirigeants de l’université à l’encontre du CEIMSA, le Centre d’Etude des Institutions et des Mouvements Sociaux Américains, et demande que l’on puisse retrouver un accès public à sa documentation sur le serveur de Stendhal.
   Un thésard, Peterson Nnajifor, venu du Nigeria pour réaliser un programme de recherche sous la direction du professeur Francis Feeley, raconte ensuite qu’il est actuellement contraint, avec quatre autres doctorants, de s’inscrire dans un centre de recherche de l’université de Chambéry…
   Ensuite se sont exprimés deux enseignants chercheurs anglicistes de Stendhal, Vicki Briault et Mohamed Benrabah, un enseignant en communication et ancien membre du Conseil Scientifique à l'université Stendhal, Bernard Floris, et un professeur de Lyon II, Keith Dixon, qui ont estimé que cette affaire posait le problème de la liberté d’expression et du pluralisme des approches scientifiques dans les sciences sociales.
A son tour, Marc Ollivier, chercheur CNRS, a rappelé le communiqué diffusé par la section de Grenoble campus du Syndicat National des Chercheurs Scientifiques en juillet 2004 pour protester contre «l’autodafé électronique» perpétré à Stendhal, qui détruisait l’accès public aux fonds documentaires du CEIMSA. Il a rappelé que l’université, selon ses propres statuts, a pour mission «la diffusion de la culture et de l’information scientifique et technique» (art.2) et qu’elle doit «garantir à ses membres, individuellement et collectivement, l’exercice de la liberté d’information et d’expression à l’égard des problèmes politiques, économiques, culturels et sociaux dans le respect des droits et opinions de chacun» (art.4). Et il a apporté son appui sans réserve, au nom du SNCS, à l’action du Comité de soutien créé par des étudiants, des enseignants et des chercheurs.
   La dernière à prendre la parole a été Susan George, Vice Présidente nationale d’ATTAC, titulaire d’un doctorat de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes. Elle s’est élevée contre l’attitude du président de Stendhal Patrick Chézaud, qui conduisait à bloquer à Grenoble toute recherche sur «l’autre visage des Etats Unis», celui qui conteste la politique du Président Bush et des courants néoconservateurs, au moment où ces derniers mènent des campagnes de dénigrement ordurières contre les Français (qualifiés par eux de «bread eating surrender monkeys»). Elle espère que le riche flot d’échanges intellectuels créé par le centre du professeur Feeley avec les courants scientifiques et les cercles universitaires américains «radicaux» pourront se poursuivre et que la documentation ainsi accumulée redeviendra libre d’accès à l’université Stendhal, car les peuples français et américain en ont le plus grand besoin pour renforcer leurs relations d’amitié et de solidarité.
   Après un échange prolongé de questions et réponses, la conférence de presse s’est terminée avec l’annonce de prochaines initiatives de la part du Comité de soutien pour la poursuite des activités du CEIMSA.

 

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B.
Lettre de Frederick Labaron, Directeur de Raison d'Agir, Paris.
Date: mercredi, 2 mars 2005
C'est par Pierre Bourdieu que j'ai connu les travaux et l'action de Francis Feeley, alors que nous lancions le collectif et la collection Raisons d'agir après décembre 95. Francis fait partie des amis avec lesquels nous tentons chaque jour de lutter contre la pesante doxa néo-conservatrice qui sévit partout et aussi, plus particulièrement, à l'Université. C'est pourquoi je me sens solidaire de son travail et de sa cause, menacés par des pratiques anti-démocratiques et des comportements d'un autre âge. C'est parce qu'à travers Francis, une certaine conception de l'autonomie et de la critique intellectuelles sont mises en cause que je lui apporte mon soutien ainsi que celui de l'association Raisons d'agir." (Frédéric Lebaron, président de l'association Raisons d'agir).
Bon courage !
Frédéric


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C.
Lettre du Professeur Christian de Montlibert,
Département de Sociologie
Université Marc Bloch
3 mars 2005
Je voudrais dire combien je regrette de ne pas pouvoir être présent aujourd’hui. Ce court texte s’efforce de suppléer au soutien au Professeur Feeley que j’aurais préféré apporter de vive voix.

Je ne reviendrai pas sur la fermeture du site qu’aucune considération financière (coût de gestion) ou technique (surcharge de la mémoire de l’ordinateur) ne justifie. Trois logiques sont, à mes yeux, à l’œuvre dans ce qu’il faut bien appeler un « nettoyage idéologique ».

   D’abord la personne même de Francis Feeley est visée dans cette chasse à l’hérétique. Feeley est un étranger qui a postulé et a été élu sur un poste habituellement occupé par un ressortissant national. Son travail de chercheur a toujours porté sur des situations (par exemple l’enfermement des citoyens américains d’origine japonaise dans des camps entre 1942 et 1945) ou des  groupes (les institutrices et instituteurs anarchistes et pacifistes au début du XXème siècle en France) porteurs de critique sociale. Enfin le site qu’il a ouvert à Grenoble a eu un succès considérable chez les chercheurs, professeurs et intellectuels américains ayant quelle que soit leur école de pensée, une orientation critique. Il y a là suffisamment de raisons pour qu’on cherche noise à l’intrus,  au mécréant, le professeur Feeley.

   Deuxièmement les informations, analyses, interprétations, prises de position personnelles des intervenants sur le site ont pour dénomination commune de critiquer la politique internationale, la politique nationale, le fonctionnement des firmes capitalistes et des multinationales, la communication et la propagande, les pratiques de tel ou tel personnage de la politique étasunienne. Cette critique ne se contente pas, pour beaucoup, de dénoncer mais s’efforce d’objectiver, de rendre visible, de nommer ce qui était camouflé derrière l’habillage des bonnes intentions. Ces manières de faire sont en contradiction avec les normes et les codes des bonnes manières : « Elles heurtent » aussi les modes de pensée et d’expression de nombreux Think-Tanks américains très conservateurs sachant se faire écouter dans nombre d’universités. Pour le dire autrement, si le site de F. Feeley avait été orienté vers la connaissance des chansons des cow-boys texans, les modes de vie des caravanes de colons en route vers la frontière, les problèmes de transport des mégalopoles, il fonctionnerait encore et aurait reçu les félicitations de quelque autorités institutionnelle. En pratiquant autrement, le site ouvert parle Professeur Feeley rejoint un mode de pensée agnostique  qui heurte le consensus ambiant qui règne aussi dans les conseils universitaires. L’université n’est pas seulement un lieu de savoir, c’est aussi un lieu d’incubation des références, des codes et des normes des classes dominantes. Appartenir aux instances dominantes d’une université c’est aussi participer à un réseau de relations, d’appuis, de renforcement d’une vision du monde. Toute manière de penser originale, hors norme, risque fort d’apparaître comme perturbatrice et soulève des résistances et des oppositions. L’agression plus supposée que réelle contre la collectivité resserrée autour d’un « nous » suscite vite une mobilisation contre l’autre qui refuse de rentrer dans le rang.

   Enfin, et sans doute le plus essentiel, l’ensemble des informations du site traite autrement de la politique. La quasi-totalité des interventions montre bien qu’il n’y a ni  d’éternité ni d’universalité du politique, qu’il n’y a pas d’essence du politique transcendant les contingences historiques. Ces textes envoyée sur le site montrent tous – chacun à leur manière en fonction du point de vue disciplinaire adopté – que la politique est toujours une pratique de domination sociale d’autant plus puissante et efficace qu’elle s’appuie sur des administrations d’État anciennes, bénéficiant d’investissements conséquents des textes recueillis sur le site montrent on ne peut mieux la politique étasunienne, comme celle des autres États, tient à se masquer derrière « l’intérêt général ». Parmi cet ensemble certaines interventions visent plus explicitement la mise à plat des visions globales du monde qu’ont certains dirigeants, d’autres mettent en doute les fondements d’une « identité » américaine entièrement positive, d’autres démystifient les appartenances et les adhérences à tel ou tel groupement ou parti, d’autres encore insistent sur l’impossibilité à résoudre des problèmes sociaux qui se posent aujourd’hui aux USA et signalent l’affaiblissement d’une culture capable d’analyser et de tenter de surmonter les crises, tout se passe comme si ces analyses et réflexions doutaient de la capacité qu’auraient les dirigeants politiques à dire ce qui est et ce que devrait être le monde. Les analyses contenues dans le site sont sans doute d’autant plus dérangeantes que ,bien circonstanciées, elles en arrivent aux stratégies de tel ou tel agent dirigeant l’État. Les analyses exposées sur le site ne portent pas sur un vide social mais sur la politique de tel ou tel personnage.  Sachant que le regard froid, objectif,  de l’analyste d’une position de pouvoir, et surtout de l’idéologie qui la légitime, est vite perçu comme attentatoire par ceux qui ne trouvent pas dans leur pratique des « phénomènes » dignes d’étude mais des évidences intimement liées à leur action, on comprend qu’un tel site ait suscité une hostilité considérable et entraîné un « nettoyage idéologique » radical.

   Il suffit en effet de réduire ou de supprimer les financements et d’empêcher d’accéder à l’information pour que, tout en respectant les formes exigées par la démocratie, la censure puisse fonctionner efficacement. Il est grand temps d’arrêter cette inquisition et d’accepter que la connaissance progresse selon ses rythmes même si pour ce faire, elle doit bousculer les habitudes de pensée, les croyances et représentations qui légitiment sans cesse les dominations.

 

Christian de Montlibert
Professeur de Sociologie à l Université Marc Bloch de Strasbourg
Directeur de la revue Regards Sociologiques

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D.
Résumé de l’intervention de Marc Ollivier, mandaté par le SNCS, à la conférence de presse du 3 mars 2005 organisée par le «Comité de soutien pour le rétablissement des activités du CEIMSA et de l’accès public à ses fonds documentaires sur le serveur de l’université»
Il apporte l’appui du syndicat aux demandes du Comité de soutien.
En premier lieu il considère inacceptable la destruction sur le serveur de l’université des fonds documentaires produits par le centre de recherche du professeur Feeley, c’est à dire les résultats de quatre années de recherche et les actes d’une grande conférence internationale financée par des crédits publics de l’université, de la région Rhone Alpes et de l’espace européen du campus grenoblois. Il ne s’agit nullement, comme le prétend le président de l’université, de «la documentation du professeur Feeley» mais de nombreux travaux réalisés par des collègues français et étrangers. En bloquant tout accès public à ces travaux, les dirigeants de l’université se sont bien rendus responsables d’une véritable censure scientifique, contraire aux missions de l’université relatives à la diffusion de la culture et de l’information scientifique et technique. C’est un devoir pour le SNCS de condamner une telle décision et nous demandons à nouveau avec insistance, comme nous l’avons fait dès juillet 2004, que soit rétabli un accès public normal à ces documents sur le serveur de l’université.
   En deuxième lieu, le SNCS appuie également la demande de laisser se poursuivre les activités du centre de recherche du professeur Feeley. Pourquoi? Pour trois raisons principales.
   D’abord pour des raisons de forme, car la procédure suivie pour mettre le CEIMSA «en extinction» ne respecte ni les statuts de l’université ni la loi de l’Enseignement Supérieur, au point que l’université n’est pas en mesure de présenter un document établissant légalement la cessation d’activité de ce centre de recherche.
   Mais surtout pour des raisons de fond, qui sont particulièrement préoccupantes. D’une part en effet la «mise en extinction» du CEIMSA est intervenue sans que l’on ait organisé une véritable évaluation de ses activités scientifiques, dans les formes requises en matière de recherche, c’est à dire par une commission indépendante, constituée de collègues de la discipline du professeur Feeley et mandatée pour remettre un rapport d’évaluation.
   Les dirigeants de l’université Stendhal donnent ainsi un bien mauvais exemple des capacités des instances universitaires à gérer dans la transparence et par leurs pairs les activités de recherche.
   D’autre part cette «mise en extinction» cause des torts sérieux aux étudiants et à toute la communauté des scientifiques associés aux activités de ce centre. Par exemple la décision de «mise en extinction» intervenue en juin 2004 a surpris au milieu de leur parcours un groupe d’étudiants incités par l’université du Texas à travailler avec le CEIMSA et la liquidation de la documentation du centre a empêché plusieurs autres étudiants de terminer leurs mémoires dans les délais requis. Enfin le professeur Feeley, sur la suggestion du Ministère, préparait la création d’un réseau de recherche des centres américanistes du Sud Est (Montpellier et Chambéry notamment) qui se trouve aujourd’hui remise en cause. Et pour couronner le tout, le professeur et cinq doctorants ont dû s’inscrire dans le centre de l’université de Chambéry pour pouvoir continuer leurs programmes de recherche… Tout cela démontre amplement que le CEIMSA, loin d’être un centre de recherche en bout de course, était particulièrement actif et productif et il n’y avait donc pas de raisons de bloquer son fonctionnement. Son interruption par la présidence de l’université, sur la seule raison que le Conseil Scientifique n’avait pas renouvelé sa subvention annuelle, est une décision inexplicable autrement que par un règlement de compte personnel ou à caractère politique.
   Pour la défense des intérêts matériels et moraux des chercheurs et des étudiants concernés, le SNCS est donc dans son rôle en demandant la poursuite des activités scientifiques du CEIMSA.

 

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E.
par Marc Ollivier, Membre du Bureau National du SNCS-FSU :

7 mars 2005
Aperçus sur la documentation scientifique censurée
par les dirigeants de l’université Stendhal de Grenoble

Les fonds documentaires constitués et mis à disposition du public par le CEIMSA (Centre d’Etudes des Institutions et des Mouvements Sociaux Américains) dirigé par le Professeur Francis Feeley étaient déposés sous la forme d’un site web sur le serveur de l’université Stendhal jusqu’au 30 juin 2004. Après cette date, les données informatiques ont été éliminées du serveur sur ordre de la présidence de l’université.
   Pour apprécier le caractère scandaleux de cet ordre, motivé par des raisons soi-disant administratives, il faut donner un aperçu du contenu de ces fonds documentaires, dont les quatre mille pages étaient réparties en trois sources d’information principales:

1°/ Les informations relatives aux colloques, conférences et événements de formation et de recherche organisés par le CEIMSA depuis 2001.
Dans cette partie on trouvait les programmes de ces événements mais aussi les textes originaux des conférences et communications présentées lors de ces rencontres.
   Par exemple on y trouvait les actes de la conférence organisée en janvier 2002 sur «L’impact des multinationales américaines sur la société», préparés et publiés sur ce site avec un financement de la région Rhône Alpes. Cette conférence mémorable (on a pu compter 1.200 participants) a comporté 25 ateliers dans lesquels ont pu s’exprimer 48 scientifiques (sans compter les présidents de séance) parmi lesquels 13 collègues des universités de Grenoble et de Lyon, 13 autres des universités de Paris 8, Paris 10, Marne la Vallée, Strasbourg, Tours, Lille 3, et 22 collègues étrangers venant des universités de Padoue, de Minsk, d’Amsterdam, de Géorgie, d’Illinois, de Pennsylvanie, de San Diego, de Boston, de New Orléans et de Berkeley. L’accès direct en ligne à toutes ces communications était à elle seule une ressource scientifique précieuse pour tous ceux qui s’intéressent à la civilisation américaine dans ses aspects économiques, sociaux et politiques, sur le sujet traité par la conférence.
   A côté des actes de cette conférence, on trouvait aussi dans cette première partie du site du CEIMSA le texte en ligne d’un exposé du grand historien américain Howard Zinn sous le titre «les interventions militaires des Etats Unis d’Amérique dans une perspective historique» présentée lors des journées d’étude des 5 et 6 mai 2003, des articles originaux écrits par des universitaires américains collaborateurs du centre, notamment par le professeur Bertell Ollman de l’université de New York, ainsi que onze essais sélectionnés rédigés par des doctorants du professeur Feeley sur des thèmes relevant de la politique extérieure américaine depuis 1946.
L’ensemble de ces documents scientifiques sont uniques et ils étaient largement consultés en France et à l’étranger.


2°/ Deuxième partie du fonds: les informations rassemblées régulièrement tout au long des activités pédagogiques et de recherche au CEIMSA depuis 2001.
Cette partie du site reflétait la richesse des échanges scientifiques et des événements liés à la vie quotidienne d’un collectif de travail composé autour du professeur Feeley par des étudiants, des enseignants chercheurs et des chercheurs communiquant entre eux à propos des faits d’actualité, des publications importantes, des difficultés et des succès rencontrés par ce collectif . Elle comprenait deux sous-ensembles:
D’une part une série de 174 «bulletins» publiés à l’intention du réseau des 400 «correspondants internet» du CEIMSA au cours des années 2002 à 2004. Ils constituent des sortes de chroniques croisées publiées deux ou trois fois par mois informant simultanément des événements locaux vécus par le centre et des faits notables de l’actualité aux Etats Unis. Dans chacun de ces bulletins originaux on pouvait trouver, après une introduction du professeur Feeley, de un à quatre papiers rédigés principalement par des chercheurs américains et proposés au CEIMSA par ses collaborateurs spécialistes des études américaines aux Etats Unis.
D’autre part une série de «Newsletters» publiées par le professeur Feeley (actuellement 25) au cours de la même période pour présenter chacune une sorte de mise au point sur une question particulièrement importante ou significative.
   L’ensemble de ces documents, diffusés sur internet et accessibles sur le site du CEIMSA sont absolument originaux et constituent une source d’informations unique et très vivante.

3°/ La troisième partie des fonds documentaires du CEIMSA se présente comme un effort collectif de mise à disposition raisonnée de sources documentaires en ligne à l’intention des étudiants, des enseignants et des chercheurs.
Le professeur Feeley a créé pour cela 19 ateliers thématiques chargés de rassembler cette documentation, qui fonctionnent sur internet à l’initiative et sous le contrôle scientifique de 51 collègues universitaires principalement en France et aux Etats Unis. Citons parmi eux les noms de Serge Halimi, Susan George, Michael Parenti (Berkeley), Christian Leblond, Mohamed Benrabah (université Stendhal), Richard DuBoff (Bryn Mawr College), Christian de Montlibert (Strasbourg), Edward Herman (Pennsylvania), Michael Albert (Z magazine Boston) etc… Ces 19 ateliers thématiques ont ainsi rassemblé 282 articles accessibles en ligne, classés par thème dans le domaine de la civilisation américaine et des programmes de recherche du CEIMSA. Ces textes sont d’origines très diverses (ouvrages, publications scientifiques, articles de journaux spécialisés, etc…) et constituent une ressource documentaire inappréciable pour les étudiants et les chercheurs concernés par ce domaine de recherche.
   Ces aperçus sont nécessairement très schématiques. Mais il sont suffisants pour se rendre compte de la gravité du coup porté à la communauté universitaire nationale et internationale par l’annihilation de ces fonds documentaires sur le serveur de l’université Stendhal. Cet acte de censure scientifique ne peut se justifier par aucune considération administrative, comme le prétendent les dirigeants de l’université, dont une des missions essentielles, inscrite dans les statuts de cette université, est «la diffusion de la culture et de l’information scientifique et technique» (article 2) en priorité évidemment celle des résultats de recherche obtenus au sein de l’université elle même, avec son soutien matériel et moral. C’est donc à juste titre que le Syndicat National des Chercheurs Scientifiques a stigmatisé cet «autodafé électronique» et accusé les responsables de l’université d’avoir voulu exercer une «censure scientifique pour raisons politiques». Ils se mettent ainsi en contradiction avec leurs propres statuts, qui les obligent à «garantir à ses membres, individuellement et collectivement, l’exercice de la liberté d’expression à l’égard des problèmes politiques, économiques, culturels et sociaux dans le respect des droits et opinions de chacun» (art. 4).
   Fort heureusement, les défenseurs du service public d’enseignement et de recherche n’ont pas de frontières et ne connaissent pas de «compétitivité» intellectuelle. C’est ainsi qu’un partenaire du CEIMSA à l’université de Californie, le professeur Fred Lonidier, a proposé au professeur Francis Feeley d’héberger sa documentation sur le serveur de cette université à San Diego.
(adresse du site: < http://dimension.ucsd.edu/CEIMSA-IN-EXILE >).
   Grâce à lui, les étudiants de Grenoble peuvent continuer à bénéficier de cet outil pédagogique censuré par leur université, et les chercheurs du monde entier peuvent toujours y avoir recours. Il s’agit évidemment d’un geste de solidarité scientifique de haute valeur, mais qui aura, il faut l’espérer, un caractère transitoire.
   Jusqu’à ce que le comité de soutien créé par les étudiants et les doctorants de l’université Stendhal, rejoints par plusieurs enseignants et chercheurs et soutenu par le Syndicat National des Chercheurs Scientifiques (FSU), obtienne des dirigeants de cette université le respect de ses statuts.

Pour contacter ce comité, s’adresser à Julia Hébert Perceval : Loulasavage@aol.com.

 

Grenoble, 7 mars 2005
Marc Ollivier
Membre du Bureau National du SNCS-FSU

 

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F.Voir la critique du « compt rendu » du CS, septembre 2004 sur le site

    du CEIMSA-IN-EXILE :

 

http://dimension.ucsd.edu/~flonidier/newsletter/newsletter-01-09-04