THE CEIMSA DOSSIER
UNIVERSITE STEHDHAL-GRENOBLE 3
(2006)
Two articles on CEIMSA
by Marc Ollivier & Lise
Dumasy
published VRS (Jan.-March 2006) + a
reply by Francis Feeley, 13
March 2006
VRS
La vie de la
recherche scientifique
N°
364
SNESup/SNCS
(Janvier, février, mars 2006)
(A.)
Article
by Marc Ollivier :
Une décision invraisemblable
«
L’Autodafé
électronique » à l’université Stendhal
de Grenoble
_______________
En 2000,
Francis Feeley est recruté comme
professeur par ['université
Stendhal de Grenoble. Il crée le Ceimsa
[Centre d'étude
des institutions et des mouvements sociaux américains] et
développe, à tous tes
niveaux, son enseignement sur ta civilisation nord-américaine.
Un beau jour!
L'accès public aux fonds documentaires de son site Web est
supprimé par
l’université. Un acte de censure scientifique, contraire
à ta mission de
diffusion des connaissances de l’enseignement supérieur.
_______________________________
MARC OLLIVIER
Chargé de recherche au CNRS, membre de
la commission
administrative du SNCS, section Grenoble-campus.
En cinq ans, Le Ceimsa
est devenu un pôle de documentation et ce recherche on
réseau au niveau
international. Le 28 juin 2004 Francis Feeley
reçoit
d’une vice-présidente de l’université une lettre qui lui
annonce: «Conformément
à la décision du Conseil Scientifique
du 23 mars 2004 concernant
le Ceimsa, i1 ne sera plus possible
que le site institutionnel héberge votre site, à compter
du 1er
juillet, conformément à la décision du
Président de
l’'Université. » Le 1er juillet 2004, les
4000 pages (1)
du fonds documentaire ne sont plus accessibles sur le serveur de
l’université alors que nul n'a jamais vu de trace écrite
de la décision
présidentielle. Cette décision entraîne de graves
conséquences pour les travaux
de l’enseignant et pour ses étudiants,
coupés de leur documentation et incapables de
terminer leurs mémoires. Elle suscite de nombreuses
protestations de la part de
chercheurs et de personnalités européennes
et
nord-américaines. Sans succès jusqu'a aujourd’hui.
Derrière cet acte de censure scientifique
sans
précédent connu se trouve tout un contentieux entre le
professeur Feeley et la présidence
de l’université, nouvellement
élue en 2004, qui a décidé la «mise en
extinction» du Ceimsa
au prétexte que le ministère avait rejeté son
habilitation [à cause de sa
taille trop petite] et que de ce fait, le conseil scientifique de
l’université lui avait supprimé
toute
subvention. Nous n'aborderons pas cet aspect des événements,
sur lequel il y aurait beaucoup à dire. Mais que cette
«mise en extinction» ait
été justifiée ou non, légal ou
illégale, dans tous les cas i1 est scandaleux
qu'elle se soit accompagnée de la suppression de tout
accès public aux
résultats des travaux de recherche effectués dans le
cadre du Ceimsa. Cette censure ne peut se
justifier par aucune
considération administrative, comme le prétendent tes
dirigeants de
l’université, dont une des missions essentielles, s’inscrite
dans
ses statuts, est «la diffusion
de la culture et de
l’information scientifique et technique » [article 2]
Paradoxe de la mondialisation, cette documentation
reste cependant accessible par
internet, car le professeur Fred Lonidier,
partenaire du Ceimsa, a
proposé a Francis Feeley
d’héberger son site
sur le serveur de l’université
de Californie à
San Diego (2).
Grâce à lui, les étudiants ce Grenoble peuvent
continuer à bénéficier de cet
outil pédagogique censuré par leur université, et
les chercheurs du monde
entier à y avoir recours.
NOTES/REFERENCES
1.
Réparties en trois sources principales textes en Ligne des communications présentées
dans tes colloques, conférences
et autres événements de formation
et de recherche
organisés par te Ceimsa depuis
2001; «bulletins» et
«Newsletters» publiés à l’intention du
réseau de ses 400 «correspondants
internet» au cours des années 20(32 à 2004 et enfin
282 articles également accessibles
en ligne. 19 ateliers thématiques sur Internet
ont été créés pour rassembler
cette documentation
sous le contrôle scientifique de 51 collègues universitaires.
principalement en France et aux États-Unis. Citons parmi eux tes
noms de Serge
Halimi, Susan George, Michael Parenti
(Berkeley),
Christian Leblond, Mohamed Benrabah
(université
Stendhal). Richard DuBoff
(Bryn Mawr College), Christian de Montlibert
(Strasbourg), Edward Herman (Pennsylvania),
Michael Albert (Z magazine Boston), etc.
2.
http://dimension.ucsd. edu/ceimsa-in-exile/
================================
B.
Article by Lise Dumasy
:
Précisions sur
une
décision contestable
La
suppression du site
Internet construit par Francis Feeley et
de son
abondante documentation du site institutionnel de l’université
Stendhal,
est tout à fait regrettable. Le SNESup
de
l’université Stendhal a œuvré, œuvre et œuvrera pour que
ce site soit rétabli. Toutefois, il convient de préciser
les conditions dans
lesquelles cette suppression a eu lieu.
______________________________
LISE DUMASY
Professeur d'Université,
syndiquée SNESup,
section université Stendhal.
Le Ceimsa, créé
en 2000. et soutenu
jusqu'en 2002 par Le
Bonus qualité recherche BQR de l'université Stendhal, n'a
pas obtenu sa
reconnaissance par le ministère dans le cadre du contrat
quadriennal 2003-2006.
La décision fut alors prise de soutenir le Ceimsa
sur
Le BQR de t'université, temporairement,
dans
t'attente d'une solution pèrenne.
Le BQR, par décision du conseil scientifique, ne soutient on
effet
ordinairement que des équipes émergentes. Si celles-ci n'obtiennent
pas leur reconnaissance par le ministère dans le cadre du
contrat quadriennal,
elles ne sont pas soutenues de
manière pérenne par
l'université. Aucune solution
n'ayant été trouvée,
le conseil scientifique du 23 mars 2004 décida que le Ceimsa
[alors composé de trois personnes dont Francis Feeley]
n'était plus une équipe reconnue et soutenue par
t'université.
Il s'ensuivait que le site du Ceimsa ne pouvait plus être hébergé, en tant que site d'un centre de recherche, par l’université. Toutefois, il n'y eut ni volonté de censure, ni autodafé: il fut proposé à Francis Feeley de continuer à héberger son site sur le serveur de l'université, en tant que « payes personnelles». Cette solution au problème particulier du site Internet, en tant qu'elle
permettait de
préserver
l’accès à la documentation recueillie, nous semblait,
et nous semble toujours, acceptable.
Elle fut
repoussée par Francis Feeley.
Au-delà du problème du site, c'est toute la question, bien plus grave à nos yeux, des moyens de
recherche d'un
collègue, professeur
et chercheur reconnu, lorsqu'il n'est pas membre d'une équipe de
recherche de
son université, qui est posée. Ce collègue ne peut
dès lors ni avoir des
doctorants -car ils ne peuvent être inscrits à
l'école doctorale
s'ils ne sont pas rattachés à une équipe de
recherche officiellement
reconnue-, ni organiser de manifestations de recherche, les crédits
n'étant accordés, de même, qu'à des
équipes reconnues.
On peut penser que ces conséquences
n'ont pas été suffisamment prises on compte par le
conseil scientifique de
l'université lors de sa délibération, Mais c'est
surtout là le résultat d'une
politique de recherche nationale qui ignore la diversité des
modes de
recherche, les conditions concrètes de la recherche en université
et les spécificités de la recherche
en lettres,
langues, sciences humaines et sociales. Dans ces disciplines,
le travail individuel en réseau est, souvent, au moins aussi
important que le
travail au sein d'une équipe constituée sur place et les
désaccords idéologiques
et scientifiques, inséparables
d'une diversité
souhaitable de la recherche, peuvent
être profonds.
Le cas de Francis Feeley
n'est pas isolé et t'on peut prédire qu'il le sera de
moins en moins.
C.
Reply to
Mme. Lise Dumasy
by Francis
Feeley :
M. Francis Feeley
Professeur de civilisation américaine
Université Stendhal-Grenoble3
au
Professeur Lise Dumasy,
UFR de Lettres
Université Stendhal-Grenoble3
Grenoble, le 13 mars 2006
Chère collègue,
je voudrais vous remercier de votre article
dans la revue
des Sciences humaines(VRS no. 364) qui
défend mes
droits d'universitaire dans l'établissement où nous
enseignons tous les deux et
dont vous avez été
Permettez-moi toutefois d'apporter quelques précisions dont ne fait pas état votre article qui était par nécessité extrêmement court : [Pour une documentation complète, de plus de 200 pages, voir Newsletter N°22 de CEIMSA-IN-EXILE, et particulièrement,
« Document #1…Un bref historique de la crise au CEIMSA ».]
-Vous indiquez que le conseil scientifique du
23 mars
-Peut-on dire que la fermeture du site internet du CEIMSA ne représente « ni de volonté de censure, ni autodafé », quand le site a été fermé au moment où je faisais un cours sur les politique étrangère des Etats-Unis et où quatre de mes étudiants l'utilisaient pour leur recherche de maîtrise?
-Vous ajoutez qu'« il fut proposé à Francis Feeley de continuer d'héberger son site sur le serveur de l'université en tant que 'pages personnelles' » ; je défie quiconque de parvenir aisément à trouver ce site sur le serveur de l'université Stendhal ; il est pratiquement inaccessible, et si vous le trouvez, vous verrez qu'il est réservé à quelques brefs CVs d'enseignants. Je continue à maintenir que l'endroit approprié pour le CEIMSA est sous la
rubrique « Recherche ». L'administration m'a aussi suggéré de mettre les 4000 pages de documents et d'essais sur un serveur privé comme "yahoo.com" et de créer un lien avec mon propre CV à 'pages personnelles'; cette privatisation forcée de mon travail scientifique d'universitaire m'a paru inacceptable.
-Lorsque vous avez soutenu la candidature de P.Chezaud avant l'élection de 2004, vous aviez obtenu la promesse qu'il continuerait la politique que vous aviez engagée, lorsqu'il serait président. La première décision du Président Chezaud a consisté à fermer le CEIMSA.
Je tiens à rappeler que « l'avis défavorable » du Ministère était accompagné de la suggestion suivante : je pourrais faire appel de cette décision dès que j'aurais pu fournir la preuve que j'avais créé un réseau régional de chercheurs; vous-même m'avez assuré que vous soutiendriez mon droit à continuer le travail scientifique et pédagogique du CEIMSA en tant que « centre local de recherche » pendant au moins deux ans, jusqu'au printemps 2005, date à laquelle je pourrais faire appel de la décision du Ministère. J'ai bien fait appel de cette décision, mais à ma connaissance elle n'a pas été transmise par le Vice-président Michel Lafon au Ministère.
Cette politique hostile à mon égard de la part des plus hautes autorités de l'université m'aurait privé de doctorants et m'aurait empêché d'organiser des colloques si je ne m'étais pas tourné vers mes collègues de Chambéry et si je n'avais pas reçu le soutien de l'Université de Savoie, grâce à laquelle j'organise une colloque international sur « l'histoire des mouvements pacifistes aux Etats-Unis », les 5, 6 et 7 avril 2006.
Je vous suis reconnaissant d'avoir pris la défense du CEIMSA et j'espère pouvoir débattre avec vous de toutes les questions que je viens d'évoquer dans un esprit de franchise et d'amitié.
Très cordialement
Francis Feeley
Professeur de civilisation américaine
Université Stendhal-Grenoble3