Subject: THE ANTI-WAR MOVEMENT AND
SOCIAL CLASS STRUGGLE IN
21 December 2004
Grenoble, France
Dear Colleagues and Friends of CEIMSA,
We have received already much mail at the start of this holiday season on the
subject of confrontations between the anti-war movement in the United States
and the forces of order, particularly
in Southern California, where our CEIMSA web site is now located at UCSD.
Below are several contemporary accounts of local class
struggles :
In item A. we have republished the French
translation of an essay by the late Herbert Schiller, Professor of
Communications at the
Item B. is a letter sent to us by
In item C. we have an article forwarded to us by
our research associate and professor emeritus of American Studies at
And finally, item D. is a vivid description of
social class struggle on the Mexican border, where INDUSTRIA FRONTERIZA is
organizing workers and the local community against the abuses of Corporate power next door to
Sincerely,
Francis McCollum Feeley
Professor of American Studies
Director of Research
Université Stendhal-Grenoble3
__________________
A.
from le monde diplomatique :
the late Herbert
The University of California-San Diego
copyright 2003
version française
LA FABRIQUE DES MAÎTRES
Décervelage à l américaine
LA projection brutale de la
puissance des Etats-Unis à l étranger s explique largement par la manière dont
se fabrique le consensus intérieur. Publicité omniprésente ; matraquage
idéologique orchestré par de multiples institutions qui, financées par les
entreprises, récusent l idée même de politiques publiques ou de bien commun ;
méconnaissance du reste du monde ; protectionnisme culturel sans équivalent :
tel est le lourd tribut que paient les Américains à l hégémonie du business.
Par Herbert
I. Schiller
Professeur émérite de communication à l université de Californie à San Diego (Etats-Unis).
Depuis au moins un demi-siècle, la scène internationale est dominée
par un seul et unique acteur : les Etats-Unis d Amérique. Même si elle n est
pas aussi hégémonique qu il y a vingt-cinq ans, leur présence dans l économie
et la culture mondiales reste écrasante : un produit national brut de 7 690
milliards de dollars en 1998 ; le siège de la majorité des firmes transnationales
qui écument la planète à la recherche de marchés et de profits ; la puissance
qui tire toutes les ficelles derrière la façade des institutions multilatérales
- Organisation des Nations unies (ONU), Organisation du traité de l Atlantique
Nord (OTAN), Fonds monétaire international (FMI), Banque mondiale, Organisation
mondiale du commerce (OMC), etc. -, et le Goliath culturalo- électronique de l univers. Cette domination
suscite des réactions de plus en plus hostiles, comme le signale l universitaire
Samuel P. Huntington, qui rapporte à cet égard les
propos d un diplomate britannique : « C est seulement aux Etats-Unis que l
on peut lire que le monde entier aspire au leadership américain. Partout
ailleurs, on parle plutôt de l arrogance et de l unilatéralisme américains »
(1).
Mais la manière dont les autres nous voient est peut-être moins révélatrice que
la perception que nous, Américains, avons de nous-mêmes. Les citoyens de ce
territoire qui dicte sa loi à l univers ont-ils tous conscience, dans leur vie
quotidienne, du fardeau qu ils imposent aux autres, et fréquemment à eux-mêmes
? S en indignent-ils ? Lui opposent-ils la moindre résistance ? On peut en
douter, tant il est vrai que le maintien du statut de suzerain planétaire
requiert non pas l indignation, mais au contraire le soutien actif ou passif
des quelque 270 millions d Américains. Ce soutien, qui n a jamais fait défaut,
est le produit d un système combinant un endoctrinement - à l oeuvre dès le
berceau - une pratique de sélection ou de rétention de l information visant à
maintenir et à renforcer l entreprise de domination planétaire des Etats-Unis.
Les efforts de persuasion - intenses, bien que parfois dissimulés - vont de
pair avec l exclusion des dissidences potentielles et avec l usage d une
panoplie de mesures coercitives allant de l admonestation à l incarcération :
près de 1,8 million de détenus dans les prisons américaines, soit,
proportionnellement à la population, le record du monde.
Ces instruments ont permis de produire sinon des croyants
enthousiastes, du moins une acceptation générale de l appareil de contrôle
américain sur les affaires du monde. En guise de justification, les dirigeants
rappellent en permanence à leurs concitoyens et au reste de la planète à quel
point l existence des Etats-Unis est une bénédiction pour tous. Le thème de la
grandeur de l Amérique est d ailleurs récurrent dans les discours présidentiels
depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Non seulement aujourd hui, mais apparemment
depuis l époque du Néanderthal, le pays est unique en
son genre. M. William Clinton le décrit même comme « la nation indispensable
» (2). Comment chacun pourrait-il alors ne pas reconnaître la chance
qu il a d y habiter ? Curieusement, beaucoup d Américains s y refusent encore.
Pour prévenir toute défaillance de l adhésion populaire au cours du prochain
siècle, la mise au point de méthodes plus globales est donc en permanence à l
ordre du jour.
L un des moyens de faire régner l ordre dans les rangs est de s assurer la
maîtrise des définitions, de faire la police des idées, ce qui signifie, pour
les dirigeants, être capables de formuler et de diffuser la vision de la
réalité - locale et globale - qui sert leurs intérêts. Pour ce faire, l
ensemble du dispositif éducatif est mis à contribution, en même temps que les
médias, l industrie du divertissement et les mécanismes politiques. C est l
infrastructure médiatique qui produit ainsi du sens et de la conscience (ou de
l inconscience). Quand elle fonctionne en rythme de croisière, nul besoin de
consignes venues d en haut : les Américains absorbent les images et les
messages de l ordre dominant, qui constituent leur cadre de référence et de
perception. La plupart d entre eux sont ainsi dans l impossibilité d imaginer
quelque autre réalité sociale que ce soit.L art du mensonge par omission
PRENONS un cas concret, celui de l utilisation du mot «
terrorisme ». Le terrorisme, le vrai - aux Etats-Unis et ailleurs - est devenu,
non sans raisons, une des principales préoccupations du gouvernement fédéral,
ce qui justifie les énormes budgets dont disposent la police et les armées pour
le combattre. Mais chaque fois que, n importe où dans le monde, se produisent
des actes de résistance - éventuellement violents ou sanglants - à des situations
d oppression, et tout particulièrement quand les oppresseurs sont des amis ou
des obligés de Washington, ces actes sont présentés à l opinion américaine
comme autant de formes de « terrorisme ». Dans les années 90, les Iraniens, les
Libyens, les Palestiniens, les Kurdes (3) et bien d autres ont ainsi vu leurs
luttes disqualifiées. A des époques antérieures, c est ce qui advint à des
combattants malaisiens, kenyans, angolais, argentins et même aux juifs s
opposant au mandat britannique en Palestine. Au cours des cinq dernières
décennies, l armée américaine et ses supplétifs ont brûlé au napalm ou massacré
des « terroristes » en Corée, en République dominicaine, au Vietnam, au
Nicaragua, en Irak, etc.
La police des idées, c est aussi l art du mensonge par omission. En témoigne,
entre beaucoup d autres exemples, le numéro que l hebdomadaire Time consacra,
il y a deux ans, aux « Américains les plus influents de 1997 ». On y trouvait,
entre autres, un joueur de golf, un animateur de radio, un musicien pop, un gestionnaire
de fonds de placements collectifs, un producteur de cinéma, un présentateur de
télévision, un économiste, un érudit noir, ainsi que la secrétaire d Etat, Mme
Madeleine Albright, et le sénateur John McCain. Les
deux seuls individus cités ayant des liens avec les véritables centres de
pouvoir étaient un héritier de la dynastie Mellon,
qui finance des causes et des organisations ultra-conservatrices,
et M. Robert Rubin, ancien directeur-gérant
de la banque Goldman Sachs et, à l époque, secrétaire au Trésor. Mais, dans ces
deux cas, il s agissait de personnes ayant pris des distances avec les
configurations de pouvoir qui leur avaient permis de s enrichir
personnellement.
La liste de Time prêtait seulement de l autorité aux fournisseurs de
services, et pas aux détenteurs de la véritable puissance. Bien plus utile,
pour avoir un aperçu de la réalité du pouvoir, était le palmarès, publié un
mois plus tard dans les pages financières du New York Times, des dix plus
importantes multinationales américaines, classées par ordre de capitalisation
boursière décroissante, avec, en tête, General Motors, suivie de Coca-Cola,
Exxon et Microsoft. Les lecteurs de Time auraient été autrement éclairés
si les patrons de ces firmes avaient été placés au sommet de sa liste des
Américains les plus influents. Une brève description des activités de ces
sociétés, de leurs implantations, de leurs décisions en matière d
investissement et de main-d oeuvre, et de la manière
dont ces décisions affectent les gens aux Etats-Unis et dans le reste du monde,
en aurait dit plus long que la liste du Time sur la véritable
distribution du pouvoir à l intérieur et à l extérieur de nos frontières.
Une information contextualisée de ce type est
précisément ce que la police des idées est décidée à prévenir. Collaborent
activement à cette tâche une myriade d analystes et de producteurs d
information dont la mission est de brouiller les cartes en protégeant les
détenteurs du pouvoir de l attention du public. Il s agit d institutions de
recherche et autres think tanks (boîtes
à idées) (4) qui préparent quantité d études sur les questions juridiques,
sociales et économiques dans une perspective favorable aux milieux d affaires -
qui sont par ailleurs leurs bailleurs de fonds. Ces travaux sont ensuite
crédibilisés par les circuits d information nationaux et locaux. Les think tankers de droite ont leurs
entrées dans les studios des radios et sur les plateaux des chaînes de
télévision, et on les voit régulièrement en compagnie des élus et
fonctionnaires locaux et fédéraux.
Le Manhattan Institute, à New York, est l un de ces producteurs d
information sur mesure. Sa mission, explique son président, est « de
développer des idées et de les mettre en circulation auprès du grand public »
avec, précise-t-il, l aide de la « chaîne alimentaire des médias ». Ne
lésinant pas sur les invitations massives de journalistes, fonctionnaires,
dirigeants politiques, etc., à ses déjeuners-débats
avec un intervenant qui traite un thème choisi pour la circonstance, cet
institut est de ceux, rapporte le New York Times, qui ont « déplacé
le centre de gravité politique new-yorkais vers la droite » (5). De
multiples autres organisations du même acabit - les plus fréquemment citées
étant la Brookings Institution, l Heritage
Foundation, l American Enterprise Institute et le Cato Institute - servent de
vecteurs discrets à la « voix du business », qui n est pourtant pas
spécialement privée d accès aux médias par aillleurs.
C est ainsi que l information servie au public se trouve polluée à la source.
Moins visible que ces structures de production et de diffusion de l idéologie,
la dynamique du marché contribue encore plus efficacement à assurer la police
des idées, particulièrement dans les industries culturelles. Il s agit moins
ici d analyser leur poids à l extérieur que d évaluer leur impact calamiteux
sur la population américaine. La nation que ses dirigeants proclament «
indispensable » est aussi celle que les « forces du marché » condamnent à
ignorer les créations du reste du monde.
Alors que 96 % des films que voient les Canadiens sont étrangers -
et dans leur immense majorité produits par Hollywood -, que c est aussi le cas
de quatre sur cinq des magazines qu ils lisent, ce qui ne va pas sans provoquer
de fortes réactions d Ottawa (6), les Américains « consomment » seulement entre
1 % et 2 % de films et de vidéocassettes de cinématographies étrangères. La
raison principale, mais non exclusive, est que, grâce à son marché intérieur,
Hollywood écrase tous ses concurrents qui, eux, n ont pas les moyens
financiers, en termes de budgets de production et de promotion, pour accéder à
un public dont les goûts sont déjà façonnés par les majors américaines.
C est ce public qui est finalement le grand perdant de l affaire.
Ce qui est vrai du cinéma l est aussi de la télévision et de l
édition. Il ne se traduit pas plus de 200 ou 250 livres étrangers par an aux
Etats-Unis (par comparaison, 1 636 droits de traduction ont été acquis, en
France, en 1998), ce qui isole dramatiquement le public américain des grands
courants de pensée mondiaux. Pour ne rien dire de l information télévisée qui
ne s intéresse au reste de la planète que lorsqu y éclatent des crises. La
concentration des médias, à l exception (provisoire ?) d Internet, explique la
connaissance microscopique que les Américains ont du monde et de ses problèmes.
Larry Gelbart, cinéaste qui avait
précédemment dénoncé les ravages de l industrie du tabac dans Barbarians at the Gate
(« Les Barbares à nos portes »), justifie ainsi le titre, Weapons of Mass Destruction (« Armes de
destruction de masse »), de son film sur les médias : « Les dirigeants des
industries du tabac sont seulement dangereux pour les fumeurs. Les dirigeants
des médias sont bien plus dangereux, car nous fumons tous de l information.
Nous avalons la fumée de la télévision. Nous gobons tout ce que ce qu ils nous
mettent sous les yeux (7) ».
Et ce qu ils mettent sous nos yeux, c est une information
sélectionnée en fonction de son aptitude à « faire de l audience » pour les
spots publicitaires. Même si cette situation est loin d être spécifique aux
Etats-Unis (8), c est le pays développé où elle est la plus critique. Au point
que le politologue norvégien Johann Galtung a
pu parler du « décervelage » des Américains par la télévision ( television idiotization).
Cette ignorance ne saurait seulement s expliquer par la trivialisation
et la rétention de l information. Elle a des racines plus profondes. Le
financement de la quasi-totalité des médias par ceux qui ont les moyens d
acheter de l espace et du temps d antenne garantit un appauvrissement culturel
continu. Et ce malgré les efforts tenaces d un petit nombre de gens de talent
qui, pendant des décennies, ont tenté de promouvoir une culture non
commerciale. Les 40 milliards de dollars de publicité qui se déversent sur les
chaînes de télévision créent une atmosphère marchande qui imprègne tout le
pays.
Ce matraquage commence dès le plus jeune âge et nul ne se soucie
vraiment de ses conséquences. La situation est tellement choquante que l
hebdomadaire Business Week, dont l
hostilité à l économie de marché n est pas le trait dominant, décrit ainsi les
déprédations infligées aux Américains en bas âge : « A 01 h 55, ce mercredi
5 mai, une consommatrice est née. Au moment où, trois jours plus tard, elle
gagnait son foyer, quelques-unes des plus grosses entreprises de vente par
correspondance des Etats-Unis étaient déjà à ses trousses avec des
échantillons, coupons et autres bons d achat gratuits. (...) Comme
aucune autre génération avant elle, elle entre, pratiquement depuis sa
naissance, dans une culture de la consommation, entourée de logos, de badges et
de publicités. (...) A vingt mois, elle commencera à reconnaître
quelques-unes des milliers de marques qui brillent sur l écran qu elle a en
face d elle. A sept ans, si elle a le profil typique de son âge, elle verra
quelque 20 000 spots publicitaires par an. A douze ans, son nom figurera dans
les bases de données géantes des entreprises de vente par correspondance (9)
».
Les effets cumulatifs de cette marchandisation débridée, si difficiles qu
ils soient à évaluer, constituent cependant l une des clés pour comprendre ce
que c est que de vivre au coeur du système commercial planétaire. Cela ne
prépare pas à comprendre le monde qui existe à l extérieur de la galerie
marchande et encore moins à s en soucier. C est sur ce terrain favorable que se
développent les critiques virulentes de l extrême droite conservatrice -
disposant de multiples fondations, omniprésente dans les radios et, de manière
croissante, dans les télévisions - contre toute forme d organisation de la
société nationale et internationale.
L une des cibles privilégiées de ces groupes extrémistes, c est le
gouvernement. L Etat américain a eu beau servir loyalement la classe des
dirigeants des grandes entreprises, il n en est pas moins constamment et
violemment récusé. Non pas au nom d une position anarchiste de principe, mais,
de manière à peine voilée, au profit d une gestion du pays par les seuls
intérêts privés. Exprimés chaque jour par des milliers de canaux, ces
sentiments rendent impossible ne serait-ce que le début du commencement de la
moindre compréhension des questions qui se posent aux échelons local, national
et international.
Dans ce dernier domaine, l opinion est sans cesse remontée contre l idée même
des Nations unies, y compris par des médias qui ne versent pas ordinairement
dans l extrémisme. Depuis des décennies, les campagnes de dénigrement se
succèdent contre l ONU, l Unesco ou l Organisation mondiale de la santé (OMS).
Certes, ces institutions ne sont pas à l abri de la critique. Ce n est
cependant pas leur fonctionnement qui est attaqué, mais bien leurs missions,
dans la mesure où elles renvoient à des principes de solidarité internationale.
Elles ne sont d ailleurs pas les seules à pâtir de ces assauts où la
mystification le dispute à la sottise. Les Américains en viennent à se
détourner également de leurs concitoyens les plus pauvres et les plus faibles,
et à adopter les thèses de ceux qui ne voient pas l utilité d un filet de
protection sociale.
Malgré des poches de résistance, l acceptation, par le reste
du monde, du modèle américain consumériste et privatisé (10) renforce l état d
esprit dominant aux Etats-Unis. Seuls des bouleversements d envergure affectant
l économie nationale et internationale pourraient ébranler les croyances et les
valeurs présentes dans la conscience de la plupart des Américains.
Herbert I. Schiller.
(1) Samuel P. Huntington, « The Lonely Superpower », Foreign Affairs, New-York, mars-avril
1999.
(2) Dans son discours au Congrès sur l état de l Union, le 4 février 1997.
(3) Notamment par la secrétaire d Etat, Mme Madeleine Albright,
dans une intervention au National Press
Club de Washington le 6 août 1997, citée dans le New York Times du
8 août 1997.
(4) Lire Serge Halimi, « Les "boîtes à idées" de la
droite américaine », Le Monde diplomatique, mai 1995.
(5) « Intellectuals Who
Became Influential », The New York Times, 12 mai 1997.
(6) Lire Anthony DePalma, « US Gets Cold
Shoulder at a Culture Conference », International Herald Tribune,
2 juillet 1998.
(7) Cité dans The New York Times, 8 mai 1997.
(8) Lire Ignacio Ramonet, La Tyrannie de la
communication, Galilée, Paris, 1999.
(9) Business Week, 30
juin 1997.
(10) Lire Benjamin R. Barber, « Culture McWorld
contre démocratie », Le Monde diplomatique, août 1998.
English
version :
Dumbing down, American-style
US as Global Overlord
Herbert I. Schiller
(Professor
Emeritus of Communication at the
Le Monde Diplomatique / The
Guardian Weekly, August 1999, pp. 5-7.
For at least half a century the global theatre has had one dominating actor
-- the
Its supremacy is recognised universally and with
increasing resentment, to judge by the comment of a British diplomat reported
by the American academic Samuel P. Huntington: "One reads about the
world's desire for American leadership only in the
Yet how the world sees us may not be as revealing as how we see ourselves.
How do those who live in this globally pre-eminent territory understand their
own and their country's situation? Is it, in fact, so obvious to Americans, as
they go about their daily routines, that they are part
of a dominating global order? When, if at all, do people in this ruling core
society express indignation at, or resistance to, the burdens their order
imposes on others -- and often on themselves?
This is not an awareness that can be taken for granted or that inevitably
surfaces. Indeed, the far-reaching enterprise of being the global overlord re
quires not indignation but support, or at least acquiescence, from the 270m
people who inhabit the home territory. Until now this has been achieved in a
complex way that uses heavy indoctrination. It begins in the cradle with a
system of selection and/or omission of information that reinforces the
enterprise's maintenance and growth. Along with intense, though often veiled,
efforts of persuasion, and equally extensive exclusion of potential discordancies, there is a graded arsenal of coercions that
begin with admonition and end with incarceration. There are almost 1.8m people
in prison in the
These instruments of social control have been remarkably successful in
producing, if not enthusiastic believers, at least general acceptance at home
of the
One of the most effective means of keeping order in the ranks is
definitional control -- the ability to explain and circulate the governors' view
of reality, local or global. Its practice depends on a reliable national
instructional system. Schools, entertainment, the media and the political
process are enlisted. The basis of definitional control is the information
infrastructure that produces meaning and awareness. When the infrastructure is
performing routinely, it needs no prompting from the top of the social pyramid.
Americans absorb the images and messages of the prevailing social order. These
make up their frame of reference and perception. With few exceptions, this
framework insulates most people from ever imagining an alternative social
reality.
Take the use of the term "terrorism". Terrorism at home and abroad
has become a paramount concern of the
Definitional control can also work by omission. The annual issue of Time
that features "the most influential people in
Time's listing confers authority mostly on service providers, not on
the sources and wielders of genuine power. From this list, readers can feel
informed while actually remaining ignorant of the realities of power in the
Such information in context, however, is precisely what definitional control
is employed to prevent. Besides, there has emerged in recent decades a galaxy
of information producers and analysts whose task is to shield the wielders of
power from public attention. These are the same conservative institutes,
research organisations and think-tanks (4) that
prepare studies on legal, social and economic issues from a propertied and
corporate perspective. This is to be expected, because the corporate sector is
the source of their funds. These organisations turn
out studies and reports that are given credibility in the national and local
informational circuits. Rightwing think-tankers enjoy wide access to local
radio and national television, and they quietly lobby local, state and national
officials.
The
Yet these are visible structures of ideology creation and dissemination. Far
more effective, and not nearly as visible, in achieving definitional control
are the dynamics of the market system itself, especially as they relate to the
consciousness-creating cultural industries. These industries have provided
incalculable support to
Ninety-six per cent of the films Canadians see and 80% of the magazines they
read are foreign (in most cases American) -- a fact that has not passed without
comment in
American readers' familiarity with current world literature is no less
abysmal. The international writers organisation
PEN puts out an annual list of published book translations, from all the
languages of the world. In any given year, the number of titles has not
exceeded 200 to 250.
The situation is hardly different as, far as news, is concerned. Television
coverage of foreign affairs puts the emphasis on breaking crises. Most of the
messages and images of the world come from still greater concentrated private
channels, with the temporary exception of the Internet. Given these
arrangements, it is hardly surprising that most Americans' knowledge of the
world and its problems is less than microscopic. "Weapons of mass
distraction" is how scriptwriter Larry Gelbart
described the functioning of the media system, television in particular, in the
And what they are putting out chooses most of its content for its
entertainment value, in its quest for the large audience. This situation is by
no means confined to the
Yet national ignorance cannot be accounted for solely by the trivialisation and withholding of news. It has much deeper
roots. The, structural foundation of the media system, financed exclusively by
those who can afford to buy time and messages, assures a continuing cultural
impoverishment of the audience, despite the best efforts of a few talented
people who have been trying for decades, to promote a non-commercial culture.
The giant corporations account for most of the media's financial support, and
it is their messages, $40bn worth annually in television alone, that create the
all-embracing commercial atmosphere in the
The commercial pummelling of the American mind
begins at an early age. The situation is so gross that Business Week, a
magazine not known for its hostility to the market economy, published a cover
story chronicling the targeting of the country's infants: "At
The cumulative effects of unbridled commercialism, however difficult to
assess, are one key to explaining the impact of growing up, in the core of the
world's marketing system. At the very least, it suggests unpreparedness
for, and lack of concern with, the world that exists outside the shopping mall.
Now radio, and to an increasing extent television, have been taken over, to
express the views of a hard-line conservative element, supported by numerous
foundations, that is against any form of social organisation,
national or international.
One of the primary targets of these extremist groups is government. The
interventionist policies of the
In international affairs the public is exposed to ceaseless tirades from
large sections of complicit media against the very idea of the UN. The
invective penetrates the mainstream media as well. The result has been a
decades-long campaign against the UN and related international bodies such as Unesco and the World Health Organisation. It is not that these bodies are above
criticism, but that their functions are attacked as threatening and
unnecessary, that the principles of international solidarity are condemned. And
it is not only the UN and the international community that suffer. Americans
turn away from their own weak and poor, and adopt the rationales of those who
see no need for social protective networks.
The acceptance -- though there are points of resistance -- of the American
consumerist, privatised model abroad strengthens the
prevailing mind-set in the
Herbert I. Schiller
(Original text in English)
(1) Samuel P. Huntington, "The lonely superpower", Foreign
Affairs, March-April 1999.
(2) Quoted by
(3) In particular by Madeleine Albright, in a speech given at the National
Press Club, Washington, on
(4) Serge Halimi, "Les
'boîtes à idées' de la droite américaine", Le Monde diplomatique,
May 1995.
(5) Janny Scott, "Promoting its ideas, the
Manhattan Institute has nudged
(6) Anthony DePalma, "US gets cold shoulder
at a Culture Conference", International Herald Tribune,
(7) Quoted in The New York Times,
(8) See
Ignacio Ramonet, La Tyrannie de la communication,
Galilée, Paris, l999.
(9) Business Week,
__________________
B.
from Monty Kroopkin :
Letters to the editor
Subject: To many Paredes is a hero
Dear friends and family,
I have a letter to the editor in the
The attachment is the page from the online paper. The website (below) is the
same page, but I haven't tried this before and am not sure it will be available
after today. I include just the text of my letter below, in case there is any
problem reading the whole page when you try it.
Peace,
Monty
The
http://www.signonsandiego.com/uniontrib/20041218/news_lz1e18lets.html
__________________
C.
from Elisabeth Chamorand :
Date:
Subject: "My brother-in-law's editorial from bimonthly 'Jewish
Currents'."
"Who the Hell Do We Think We Are?"
by Larry Bush (no relation to the
president)
Jewish Currents
November 2004
"The thousand-plus young
American men and women who have been killed in
patriotism with support for the
African-American teens) manage to graduate from high school. More than two
million people, seven out of every thousand, are wasting away in prison 9 the
highest incarceration rate on the globe. The richest one percent commands
income equal to that of the entire bottom two fifths (and wealth, as opposed to
income, is even more unequally distributed). Are these qualifications for world
leadership in the export of freedom and economic development? In
vote. Those who want to vote cannot be confident that their registrations will
be processed or their votes fairly tallied. Electoral fundraising, which
closely resembles bribery, assures the dealmaking
power of corporate interests, while the winner-take-all system prevents
smaller, less powerful interest groups from developing clout. Are these
qualifications for world leadership in the export of democracy? In America, the
teaching of evolution is still a bone of contention, reproductive rights are
eroding, and the right of sexual minorities to have access to civil liberties
and civil protections is blocked, thanks to the influence of Christian
fundamentalist forces that are intent on reshaping our society to hew to their
narrow religious principles. A huge majority declares that belief in God is a
critical aspect of American citizenship. Are these qualifications for world
leadership against theocratic oppression and fundamentalist rule? In
prisoners captured in
Are these qualifications for world leadership in the pursuit of peace?
"America is not just a power; it is a promise," said New York
Governor Nelson Rockefeller, in those heady days of the late 1960s, when even
he was feeling the pull of social conscience in a landscape of change. "It
is not enough for our country to be extraordinary in might," he continued;
"it must be exemplary in meaning. Our honor and our role in the world
finally depend on the living proof that we are a just society."
Such sentiments have been drummed out of the Republican Party over the past
thirty years and have become very unfashionable throughout
Those of us with less fear and more vision now face the challenge of creating
an alternative statement about "who the hell we think we are" 9 an
alternative vision of patriotism, prosperity, homeland security and
international citizenship 9 with all of the creativity, passion, and
communication skills at our command. We must go beyond a critique of today's
society to an affirmation of what might be: a vision of promise, not just
power."
For our next Nation Magazine.
Discussion Group, let us identify some of issues,
interests, and strategies that can mobilize the public to restore democracy in
our society, and reduce the poverty, disease, and war that squander the world¹s
resources.
Read some of the essays in The Nation Magazine forum ³Looking Back, Looking
Forward² in the December 20, 2004 issue (which can also be found on the Nation
Magazine website at the URL http://www.thenation.com/doc.mhtml?i=20041220&s=forum)
where they consider the following questions: ³The defeat of John Kerry,
combined with the Republican advances in the House and Senate, has unleashed
waves of dismay and perplexity within liberal and progressive circles. What
happened? Why did so many voters embrace a President whose Iraq policy was
paved with lies and deceptions, who has shown contempt for science, the rule of
law and many of the principles of the Enlightenment, and whose economic
policies favor the rich at the expense of the vast majority of Americans? What
lessons do we draw from Kerry's failure to win over the electorate in spite of
the Bush Administration's conspicuous failures? Are the Democrats crippled, or
merely wounded, and is the party really out of touch with "mainstream"
values? Finally, what should the priorities of the progressive movement be in
this era of Republican dominance, and what is the best formula for future
electoral success?"
_____________________
D.
from Professor Fred Lonidier :
UCSD
Date: Sun,
Subject: INDUSTRIA FRONTERIZA: THE FARCE CONTINUES
INDUSTRIA FRONTERIZA: THE
FARCE CONTINUES
WORKERS WERE NOT ALLOWED TO CONFISCATE THE COMPANY'S PROPERTY