Bulletin N°334


Subject : UN SERVICE PUBLIC.


17 décember 2007
Grenoble, France
 
Cher(e)s Collègues et des Ami(e)s du CEIMSA,

Encore 3 communications reçues par CEIMSA sur les mouvements locaux et sur leur contexte mondial d'aujourd'hui.

A. Une communication sur le LRU par professeur Olivier Kraif, Maître de conférences en Informatique à l'Université de Grenoble.

B. Une communication sur le LRU par Bernard Gensane, professeur de civlisatioin britanique à l'Université de Poitiers.

C. Une communication en anglais du professeur Keith Goshorn, à l'université de Californie, sur le mouvement universitaire aux Etats-Unis : "Resisting Corporate McCarthyism".

Cordialement,
Francis McCollum Feeley
Professor of American Studies/
Director of Research
Université Stendhal - Grenoble 3
http://www.ceimsa.org/

__________________
A.
De : Olivier Kraif
Date : 1 décembre 2007
Objet : Message personnel à tous mes collègues de l'U3.

Melancholia, by Albrecht Dürer: click here to go to astrol


Chers collègues de l'Université Stendhal,

Ce qui se passe en ce moment sur le campus est très grave. On matraque des étudiants grévistes non violents. Qui plus est, ce sont des universitaires - nos propres dirigeants - qui font appel aux forces de l'ordre. C'est sans précédent. L'Université était un sanctuaire, un contre-pouvoir, un lieu d'échange et de discussion. C'est aujourd'hui un lieu de répression.

Ce qui se passe en ce moment sur le campus est très grave : en fait il ne se passe RIEN. La grande masse des personnels est absente. Les AG inter-U rassemblent quelques dizaines de membres du personnel. Comme si tout cela concernait une poignée de "bloqueurs" d'une part, et les forces de l'ordre d'autre part. Où sommes-nous?

Ce qui se passe en ce moment sur le campus est très grave : une loi est en train de dessiner une AUTRE Université. L'Université de demain. L'Université de vos rêves - ou de vos cauchemars. Et tout ceci sans que vous ayez eu le temps d'y penser, sans que vous y ayez pris part - une loi votée comme ça, l'air de rien, un 10 août, pendant que vous tentiez d'oublier un peu votre métier pour penser à autre chose. Pendant que vous pensiez à autre chose, vos ministres eux, pensaient à vous. Ou plutôt : pour vous...

Ce qui se passe en ce moment sur le campus est très grave : votre métier est en passe de devenir un AUTRE métier. Vous pensiez avoir une mission : transmettre des connaissances à des étudiants - des connaissances générales, avec une valeur universelle, qui pourraient leur être utiles tout au long de leur vie d'adulte : en tant que professionnel, mais aussi en tant que citoyen, en tant qu'être pensant. Vous pensiez que ces connaissances - ou ces outils - sont la meilleure garantie d'une bonne insertion professionnelle, dans le long terme. Dans l'université de demain, ces connaissances seront finalisées, et leur valeur sera mesurée à l'aune l'insertion professionnelle. Or, celle-ci peut-elle être mesurée autrement que dans l'espace du local et l'intervalle du court terme ? La valeur d'une connaissance est-elle réductible à sa rentabilité économique immédiate ?

Ce qui se passe en ce moment sur le campus est très grave : l'AUTONOMIE des Universités ne sera bientôt plus qu'un souvenir. Les Universités étaient dirigées par des universitaires, et financées par l'Etat. Les universitaires n'avaient de compte à rendre qu'à l'Etat, en fonction d'objectifs qu'ils s'étaient eux-mêmes fixés. Elles seront bientôt dirigées, en partie, par des acteurs du monde économique, et dépendront, en partie, des subsides de fondations privées. Elles auront des comptes à rendre au monde économique. Elle n'auront plus qu'une seule autonomie : gérer la pénurie financière. Avec les partenaires de leur choix.

Ce qui se passe en ce moment sur le campus est très grave : la science n'y sera bientôt plus libre. La finalité première de l'activité scientifique était de faire progresser la connaissance. Demain elle sera de faire fonctionner l'économie de la connaissance. La mission première de l'Université était de diffuser ces connaissances. Demain elle sera de déposer des brevets pour les protéger. Dans un monde où certaines entreprises voudraient breveter le vivant, où seront les garde-fou ? Serons-nous contre-pouvoir, ou complices ?

*Que vous soyez pour ou contre la LRU, pour ou contre le blocage, pour ou contre le gouvernement, IL EST URGENT DE SE DONNER LE TEMPS de s'informer sur le texte, d'en évaluer les conséquences, de réfléchir sur ce que nous sommes et ce que nous voulons devenir. C'est une exigence démocratique. NOUS SOMMES LES PREMIERS CONCERNES. C'est pourquoi je me permets de vous écrire ce mail, en tant que membre de la même communauté.
*
Soyons nombreux aux AG des personnels, aux commissions de réflexion, mobilisons-nous !

Demain il sera trop tard. Bien trop tard, pour dire : nous ne savions pas...

___________________
Olivier Kraif, Maître de conférences en Informatique. (Qui n'a aucune envie de devenir Maître de conférences en Certification Microsoft, ou Partenaire Intel, à l'Université Stendhal (TM).)


____________
B.
De : Michael Parsons
Date : 14 décembre 2007
Objet : À propos du « Cahier des charges » des universités.


Image


 
À propos du « Cahier des charges » des universités
Bernard Gensane


"Si vous croyez que la clé de la liberté se trouve derrière une loi injuste qu’il suffit d’abolir, dites-vous que cette loi a été inscrite de votre propre main sur votre propre front". (Khalid Gibran)

Je voudrais m’arrêter un instant sur un document que tous les collègues n’ont pas encore lu, un document plus important, à mes yeux, que le texte de la loi car il permet de nous imprégner de l’esprit même de la contre-réforme et, concrètement, de savoir de quoi l’avenir sera fait.

On trouve le Cahier des charges à l’adresse suivante : (https://www.igf.minefi.gouv.fr/sections/les_rapports_par_ann/2007/). Ce texte est signé conjointement par des hauts fonctionnaires de l’inspection générale des finances et par des hauts fonctionnaires de l’inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche. Ces éminences, dont le statut est, pour le moment, en béton, ont donc rédigé un document qui vise à privatiser, à financiariser l’université. Je peux vous assurer que ces huit personnes ont mis, non seulement tout leur zèle dans la rédaction de ces pages, mais encore toute leur jouissance.

Ce qui est très frappant, au premier abord, c’est que ce document ne parle jamais d’enseignement, mais de « gestion budgétaire et financière », de gestion des ressources humaines (l’expression " ressources humaines " vient de l’entreprise privée et n’avait pas cours il y a trente ans dans l’administration publique), de « gestion immobilière » (les universités vont devenir des agences immobilières stricto sensu et certains de nos collègues - contre primes sonnantes et trébuchantes - ont déjà enfilé l’habit d’agent immobilier), et enfin de « pilotage et de relation avec la tutelle ».

Alors que Madame Pécresse, et les médias qui la relaient, parlent d’« autonomie » des universités, ce document prouve que d’autonomie, il n’y en aura jamais plus. Tous les établissements seront en effet surveillés, en temps réel, par le panopticon du ministère, dans un constant mouvement d’action et de rétroaction. Le Cahier des charges permettra « d’apprécier la capacité des universités à assumer les nouvelles compétences prévues par la loi et à en tirer le plus grand parti ». Chaque université devra donc s’auto-évaluer en permanence, s’évaluer par rapport aux autres, tandis qu’elle sera, comme toutes les autres, évaluée par l’administration centrale en fonction de critères qui seront, on va le voir, de moins en moins universitaires. Toute décision du conseil d’administration sera «  approuvée par arrêté conjoint du ministre chargé du budget et du ministre chargé de l’enseignement supérieur ».

Les personnels universitaires (enseignants, administratifs et techniques) ne seront plus rétribués par l’État, mais par les établissements eux-mêmes. Le document présente ce changement comme une « liberté » puisque le fléchage central des crédits diminuera. Le hic, c’est que la «  fongibilité » des crédits sera « asymétrique » (il faut être au moins inspecteur général des finances pour inventer une expression aussi naturaliste qu’opaque). En aucun cas, en effet, l’enveloppe accordée aux personnels ne pourra être majorée. Elle pourra, en revanche, être diminuée au profit des crédits de fonctionnement et d’investissement. Vous pouvez faire toute confiance aux trois-quarts des présidents de la CPU, qui réclamaient cette loi depuis des années, et qui l’ont largement inspirée (ils ont donc toute l’objectivité nécessaire pour en parler), pour faire des économies « inévitables » (aucune ironie de ma part : elles seront inévitables) aux dépens de la rétribution des personnels. En clair, les personnels en place risqueront d’être moins payés, tandis que les personnels à recruter, dans la mesure où l’emploi sera «  librement déterminé » par les établissements, se verront offrir des contrats (ce sera le cas, dès l’année prochaine, pour les personnels BIATOSS de rang B voulant passer rang A) " personnalisés ", globalement à la baisse dans la mesure où les avancements de carrière ne seront plus du tout garantis. Si cette catégorie de personnel a tout de suite fait l’objet d’un traitement de faveur, c’est parce qu’elle sera au centre de la " gouvernance " (autre vocable de l’entreprise privée), et donc d’une nécessaire docilité. Les universités devront recruter - aux dépens du personnel enseignant, par exemple - de nombreux personnels de gestion. En effet, la « fonction financière » des établissements sera tellement importante et délicate que des cadres nombreux et de bon niveau seront nécessaires. Ce n’est pas dans le texte, mais je vous fiche mon billet que ces personnels auront pris le pouvoir dans les universités avant dix ans. La tâche de ces experts sera ardue. Il leur faudra prendre en compte l’exécution budgétaire passée et la répartition des crédits entre unités budgétaires. Ils devront suivre pas à pas le déroulement de l’exécution budgétaire, effectuer un bilan annuel, maîtriser l’exécution budgétaire, optimiser celle-ci en réorientant les crédits en cours d’année et en limitant les reports de crédits.

Les universités disposant, en principe, d’une masse budgétaire double de celle actuellement à leur disposition, elles devront éviter de voter des budgets en déséquilibre, négocier sur des bases objectives le volet financier de leurs contrats pluriannuels, et «  apprécier si elles sont capables de supporter dans la durée le coût de leurs décisions de gestion, notamment en matière de ressources humaines ou en matière immobilières ». Ces deux ressources figurant dans la même phrase, on sent bien que, dans l’esprit de nos éminences, les cerveaux ne compteront pas plus que les briques. C’est pourquoi les universités devront réaliser chaque année des « analyses financières rétrospectives et prospectives », en évaluant «  le coût à court et moyen terme » de leurs décisions importantes.

La comptabilité des établissements aura été «  remise à plat ». Le diagnostic des comptes devra être « de qualité », en particulier dans le domaine patrimonial. Pour « tirer le plus grand bénéfice de la réforme » (on ne parle toujours ni d’étudiants, ni d’enseignants, ni de recherche), les établissements devront limiter au maximum la part des crédits considérés comme fléchés, c’est-à-dire (à noter que les auteurs n’utilisent jamais " c’est-à-dire ", mais " i.e. ") dont l’emploi « n’est pas fixé par l’université mais par le financeur ». Une part des crédits sera évaluée en fonction « d’une appréciation de la performance des composantes », et pas seulement en fonction « du nombre d’étudiants ». Ouf ! Nous sommes à la page 6 du Cahier. Nos hauts fonctionnaires se souviennent brutalement qu’il existe des étudiants, mais ils en parlent à regret, de manière négative. Qu’en sera-t-il, dans les faits, de la gestion des ressources humaines ? Trois articles du «  nouveau Code de l’éducation » (954 1, 2 et 3) sont capitaux. Le conseil d’administration définira la répartition de service des personnels enseignants et de recherche. Le conseil d’administration pourra créer des « dispositifs d’intéressements permettant d’améliorer la rémunération des personnels ». Le Président de l’Université (lui seul) pourra recruter « pour une durée déterminée, des agents contractuels pour occuper des fonctions techniques ou administratives de catégorie A » ou « pour assurer par dérogation [Š] des fonctions d’enseignement et de recherche ». Les articles que je viens de citer ont été pensés pour faire disparaître la fonction publique de l’enseignement supérieur, comme c’est le cas dans de nombreux pays d’Europe et d’ailleurs. Tout président pourra, dans le secret de sa conscience, récompenser « le mérite et l’implication des personnels ».

Chaque fin de mois, les personnels seront rétribués par un établissement qui devra «  sécuriser le processus de paye ». Le payement pourra faire l’objet d’une « procédure de paye à façon », « prestation payante proposée par le Trésor Public », ou d’une « paye interne », qui serait une « solution prudente ». Comme pour toute entreprise privée, le « pilotage » de la masse salariale va « devenir un enjeu essentiel pour les universités ». Les universités devront se doter d’un « logiciel de pilotage » (avec un pilote pour piloter, j’imagine), elles devront analyser finement les « effets volume » ( ?), les « effets prix » ( ?). Les auteurs du Cahier sachant pertinemment que les universités risquent de n’avoir ni les compétences financières ni les compétences techniques pour accomplir ce travail, ils suggèrent qu’elles « mutualisent » cet effort, car « il serait dommage que les universités se préparent en ordre dispersé à affronter un défi (je suis déçu : j’attendais " challenge ") qui se présentera partout dans les mêmes termes. Il existe d’ailleurs un Guide pratique du pilotage de la masse salariale (voir le site performance-publique.gouv).

Il faut attendre la page 10 pour que les auteurs du Cahier abordent la dimension « qualitative » de la réforme. Pour les inspecteurs, qualité signifie avant toute chose « redéploiement ». En fonction des « besoins », bien sûr, en recrutant largement, à l’extérieur, des personnels enseignants titulaires (tant qu’il en restera, il suffit d’aller voir ce qui s’est passé à France Télécom, à La Poste ou à EDF), ainsi que des personnels non enseignants non titulaires, chaque université pouvant jouer « sur les modalités et les volumes de recrutement, sur les modalités de rémunération, de promotion et de carrière, de représentation, de régime horaire et de congés ». Tiens, tiens, pourra-t-on nous expliquer ce que les congés (de maternité, par exemple) ont à voir avec la rémunération et la promotion des personnels ?

Les présidents pourront récompenser les plus méritants. Ils pourront « concentrer les primes [Š] sur un nombre raisonnable [sic] de bénéficiaires ». Ce qui permettra d’« élever » le montant des primes. Les primes pourront être modulées « en fonction de la manière de servir ». Vous avez bien lu : " servir ". Oui, il conviendra d’être les fidèles serviteurs de l’Université rénovée. Concernant la gestion immobilière, les universités pourront « aliéner tout ou partie de leur patrimoine ». Elles seront forcément conduites à le faire. Elles auront besoin de cache-flot (je m’initie au langage de l’Inspection Générale). Elles se retrouveront dans la situation, par exemple, de France Télécom qui vend ses bâtiments pour avoir du cache-flot et qui, l’instant d’après, les loue car il faut bien se loger. Avant de vendre, les universités pourront faire appel à des expertises privées pour évaluer leurs biens. Pour les universités, connaître en temps réel leur valeur patrimoniale impliquera un suivi de tous les instants, et l’obligation d’entrer dans une logique capitalistique et marchande afin de faire fructifier leurs biens. Mais il est clair que, dans l’esprit des rédacteurs du Cahier des charges, les établissements finiront, à terme, par vendre leur immobilier (« traduire dans les comptes la diminution progressive de la valeur des biens de l’université »). Ils vendront, simplement parce que l’université française possède un formidable patrimoine que le privé convoite depuis longtemps (mais il y a loin de la poubelle de Toulouse le Mirail - invendable en l’état - à l’ancienne faculté de droit de Poitiers), et qu’elle ne pourra pas garder éternellement parce que les établissements devront désormais « supporter les charges budgétaires liées aux amortissements », jusqu’à présent à la charge de la collectivité nationale.

Restent le pilotage et les relations avec la tutelle. On a beau être autonome, on n’en est pas moins tenu de fournir une « information régulière  », après s’être doté « d’instruments d’audit interne et de pilotage financier et patrimonial selon des modalités fixées par décret ». Pour être efficace, il conviendra d’élaborer « un schéma directeur des systèmes d’information », accompagné d’un « renforcement des fonctions techniques et politiques dédiées [sic] au système d’information ». Dans la mesure où les établissements seront surveillés en temps réel, il sera possible « d’adapter les objectifs et le programme de travail de l’Agence de mutualisation des universités et établissements ». Comme on sait, par ailleurs, que la recherche sera elle aussi pilotée par Paris, les conséquences de la nouvelle loi seront la disparition d’un grand nombre d’établissements ou, à tout le moins, de parties d’entre eux, le regroupement autoritaire d’universités qui auront réussi à préserver provisoirement leur intégrité, et la constitution d’énormes pôles, non pas d’excellence, mais de rentabilité. Cette masse considérable d’informations à fournir (nos hauts fonctionnaires, nourris de culture française, utilisent le terme reporting, trouvé, j’imagine, dans leur lecture du Financial Times) au ministère impliquera, je l’ai dit, le recrutement d’une armée de clercs, des contractuels, cela va sans dire. Les universités joueront leur existence dans une sorte de Bourse (aussi rationnelle que les " Stock Exchanges " que nous connaissons déjà). Elles ne s’en sortiront que si elles offrent une « sécurisation juridique et financière » de leur fonctionnement.

Il aurait suffi, il y a quelques mois, qu’une poignée de conseils d’administration se sabordent et boycottent la Loi Pécresse (un seul vient de le faire tout récemment). L’histoire aurait basculé en faveur des défenseurs du service public, de la vraie mission de l’Université qui n’est pas de faire des affaires, de coller au train du patronat en fournissant, loin de tout projet humaniste, des compétences sans aucune réflexion critique, de marchandiser le savoir et de précariser tous ses personnels. Nos présidents ne pouvaient prendre cette initiative. Ils veulent être réélus. Un coup de pied dans la fourmilière, et ils auraient dû faire une croix sur des lendemains qu’ils croient enchanteurs et qui ne le seront pas. Maîtres en leur demeure, recevant des émoluments assurément plus élevés qu’aujourd’hui, ils devront cependant filer doux devant les vrais détenteurs du pouvoir.

Il y a beaucoup plus préoccupant que les calculs tactiques des présidents d’université. Les universités européennes sont entrées dans un processus d’« économie de la connaissance », pour reprendre une expression officielle de Bruxelles. Qui dit économie dit compétition, raréfaction, renchérissement de ces connaissances. Le premier chapitre du Cahier des charges, celui qui commande le reste, s’intitule, je le rappelle, «  la gestion budgétaire et financière ». Ce qui sous-entend clairement que les universités vont devenir des entreprises, mais non des entreprises industrielles vendant (ou achetant) des brevets ou des diplômes, ce qui serait déjà un pur scandale : elles seront des entreprises financières, ce qui est une horreur. À très court terme, les droits d’inscription des étudiants vont exploser. Lorsque la loi était encore en discussion, les responsables des syndicats étudiants s’étaient polarisés sur ces droits, sans regarder plus loin que le bout de leur nez. Madame Pécresse leur avait donné momentanément satisfaction pour obtenir leur neutralité bienveillante. Que ces responsables aillent observer ce qui se passe actuellement aux Etats-Unis : comme leurs parents victimes des taux de crédit immobiliers, des milliers d’étudiants ne peuvent plus rembourser les sommes considérables empruntées pour financer leurs études.

Concluons : l’objectif de cette loi et de son Cahier des charges est de détruire l’université française en tant qu’outil de formation et d’émancipation afin de la soumettre - classement de Shanghai oblige - aux desiderata du CAC 40. Pour faire entrer en application un projet, une loi aussi réactionnaires, il fallait interdire tout espace de contestation en réduisant le poids du conseil d’administration, en introduisant des chefs d’entreprise en tant que tels dans les instances dirigeantes, en réduisant l’influence des personnels et des étudiants. Ce déni de démocratie coupera à jamais l’Université de la citoyenneté, du politique au sens noble du terme. Les marchés apprécient déjà.



_____________
C.
De : Keith Goshorn :
Date : Fri, 14 Dec 2007
Objet : Signs of Resisting Corporate McCarthyism


New developments on the Academic Freedom front
Fired Up: Rising voices on Academic Freedom
From: Beshara Doumani <bdoumani@berkeley.edu>
Subject: Fired Up: Rising voices on Academic Freedom


 
Dear Friends,

It looks like the old civil rights demonstration slogan "Fired up! Won't
take it no more!" is reverberating among hundreds of college professors
today and a critical mass may have been reached in the fall of 2007. Fed up
with the organized and well-funded attacks on universities, programs of
studies and individuals professors carried out by right wing nationalist,
evangelical, and pro-Israel groups, academics are making their voices heard
on a larger scale than ever before.

Consider some of the following developments:

1. Leading academics, such as Joan Scott and Jonathan Cole have formed an ad
hoc committee to defend the university and are calling on their colleagues
to join. They note the Harvard study last summer that found that "a greater
percentage of social scientists today feels their academic freedom has been
threatened than was the case during the McCarthy era." See their statement
below.

2. Dozens of professors in California have recently formed the California
Scholars for Academic Freedom and they are about to issue a strong letter in
response to the "Islamo-fascism week" events being orchestrated on numerous
campuses by one of the many right wing organizations founded since 9/11 that
are dedicated to "taking back the campus" from what they portray as
fifth-column left wing professor class that indoctrinates students to hate
Israel and the U.S. Several other organizations dedicated to defending
academic freedom -- such as Academics for Justice, Free Exchange on Campus,
Center for Campus Free Speech, Muzzlewatch.org, and so on-- have formed over
the past two years. Meanwhile, the ACLU and other more established
organizations have revved up their work on this front.

One can go on to point to other developments such as how the president of
St. Thomas University reversed his position, apologized, and invited Desmond
Tuto after a counter campaign. Or how the owner of the wildly popular
FACEBOOK web site, Mark Zukerberg, first caved to pressure to remove
Palestine from the list of countries which users could choose when
registering for the site then put it back about a year later after a strong
organizing effort. Facebook has 45 million users.

And the Middle East Studies Association and may other professional
associations have increased their efforts to protect their members in recent
years whether in terms of lobbying against proposed changes on the federal
and state levels or in terms of speaking out more forcefully. Just last
week, I watched the new president of Harvard, Drew Faust, deliver a ringing
defense of the mission of higher education that signals a major turn around
form the policies of the previous president, Larry Summers.

There is even a new documentary that I think is well worth watching (only
twenty minutes) on what happened at Columbia University within a larger
context. Check out this YOUTUBE clip:

http://youtube.com/watch?v=YCVzbGEoAzU

I could go on with more references to books, articles, and op-eds that have
been published with increasing frequency over the past two years concerning
the issue of academic freedom, but the list would be too long. I suspect
that if it has not already happened, there will soon be a website that has a
comprehensive data base of these important interventions.

The tide may not be turning just yet, but as I have said in letters to you
before, the increasing resort to coercion is, ultimately, a sign of weakness
and at some point, there will be too many fires to put out. More and more
scholars and students are standing up against the national campaigns to
police thought on campuses. There is an urgent need for informed public
discussion on the national level about where this country is headed and
universities have an important role to play.

Best,
Beshara


---------- Forwarded message ----------
From: defend.university[at]gmail.com
Date: Oct 17, 2007 3:04 PM
Subject: Ad Hoc Committee to Defend the University


Many of us, on campuses and beyond, have been monitoring and condemning the
recent attacks on academic freedom, including the ever more aggressive
incursion of partisan politics into universities' hiring and tenure
practices. Today a diverse group of academics and other concerned
individuals are joining together to collectively mark our resistance to the
current abrogation of academic freedom. We are circulating the petition
below and asking for both signatures of support and financial contributions
to underwrite the expense of publishing the statement, with the names of its
proponents, as a full page ad in the New York Times.

If you would like to join this ad hoc committee, please let us know
immediately ( defend.university@gmail.com) and send a signed word of
confirmation, your institutional affiliation if any, and your contribution,
made out to the Ad Hoc Committee to Defend the University, c/o Joan Scott,
at P.O. Box 240 Princeton New Jersey, 08540.

Visit our page at http://defend.university.googlepages.com/home , where we
are maintaining a set of links to relevant reports and web sites, as well as
a list of signatories.

Please pass this message on to as many friends and colleagues as possible.

Defend the University Organizing Committee: Joan Scott, Edmund Burke, Jeremy
Adelman, Steven Caton, & Jonathan Cole

The Ad Hoc Committee to Defend the University's Petition

In recent years, universities across the country have been targeted by
outside groups seeking to influence what is taught and who can teach. To
achieve their political agendas, these groups have defamed scholars,
pressured administrators, and tried to bypass or subvert established
procedures of academic governance. As a consequence, faculty have been
denied jobs or tenure, and scholars have been denied public platforms from
which to share their viewpoints. This violates an important principle of
scholarship, the free exchange of ideas, subjecting them to ideological and
political tests. These attacks threaten academic freedom and the core
mission of institutions of higher education in a democratic society.

Unfortunately and ironically, many of the most vociferous campaigns
targeting universities and their faculty have been launched by groups
portraying themselves as defenders of Israel. These groups have targeted
scholars who have expressed perspectives on Israeli policies and the
Israeli-Palestinian conflict with which they disagree. To silence those they
consider their political enemies, they have used a range of tactics such as:

unfounded insinuations and allegations, in the media and on websites, of
anti-Semitism or sympathy for terrorism or "un-Americanism;"
efforts to broaden definitions of anti-Semitism to include scholarship and
teaching that is critical of U.S. foreign policy in the Middle East and of
Israel;
pressures on university administrations by threatening to withhold donations
if faculty they have targeted are hired or awarded tenure;
campaigns to deny scholars the opportunity to present their views to the
wider public;
the promotion of efforts to restrict federal funding for area studies
programs and the teaching of critical languages on political grounds;
lawsuits in the name of the "right" of individual students not to hear ideas
that may challenge or contradict their beliefs;
and demands in the name of "balance" and "diversity" that those with whom
they disagree be prevented from speaking unless paired with someone whose
viewpoint they approve of.
The suppression of free speech undermines academic freedom and subverts the
norms of academic life. It poses a serious threat to institutions of higher
education in the United States. The university should be a place where
different interpretations can be explored and competing ideas exchanged.
Academic freedom means not only the right to pursue a variety of
interpretations, but the maintenance of standards of truth and acceptability
by one's peers. It is university faculty, not outside political groups with
partisan political agenda, who are best able to judge the quality of their
peers' research and teaching. This is not just a question of academic
autonomy, but of the future of a democratic society. This is a time in which
we need more thoughtful reflection about the world, not less.

A study by a Harvard sociologist last summer found that "a greater
percentage of social scientists today feels their academic freedom has been
threatened than was the case during the McCarthy era." It is time to defend
the norms of scholarship and the best traditions of the academy.

We, the undersigned, therefore pledge:
to speak out against those who attack our colleagues and our universities in
order to achieve their political goals;
to urge university administrators and trustees to defend academic freedom
and the norms of academic life, even if it means incurring the displeasure
of non-scholarly groups, the media among them;
to vigorously promote our views in the media and through the Internet, and
to explain the importance of academic freedom to a sustainable and vibrant
democracy;
to mobilize our students to defend the values and integrity of their
institutions.
The future of higher education in America, its role in our country's
democracy, and its contribution to world affairs is at stake. We call upon
all citizens to join us in defending it!
Beshara Doumani


AP: Holocaust survivors blast $20 stipend (07.31.2007)
'Survivors have long claimed that European countries treat them far better
than Israel, where many elderly survivors live in poverty. Prime Minister
Ehud Olmert's announcement of the new allowance did nothing to change that
impression. One survivor called the offer "absurd and insulting."'

On the place of civility
in academic life (10.18.2007)
"Video: Finkelstein's talk at the academic freedom conference"

Tenure Denial Letters
(June - November, 2007)

Kill Arabs, Cry Anti-Semitism (09.12.2006)

Ynet:
Where did the Shoah money go? (12.11.2006)
'First Class flights around the world, accommodation at deluxe hotels,
dining at fancy restaurants and a series of credit cards, this is how the
Claims Conference, which deals with restitution of stolen Jewish property
from the Holocaust, operates.'

The Media Lynching of Jimmy Carter (12.07.2006)

Jewish Week:
Holocaust Cash Went To Shadowy Pal Of Ousted WJC Leader (05.04.2007)
'Israeli finance minister, now being probed for corruption, urged death camp
tour group to hire little-known N.Y. consultant; Singer friend Curtis Hoxter
can¹t explain what he did for $709,000.'

The Lobby: It's Not Either / Or. (05.01.2006)

Haaretz: Survivors' protest makes foreign journalists gasp, security vanish
(08.06.2007)
"I want the Germans to know where the money they gave Israel went," he said
angrily. "I want the Germans to know that Israel took the money we should
have received. I want them to answer one question: Where did our money go?"

Jewish Week: "Survivors Balking At Lawyer's Fee" (03.02.2006)

Israeli civil libertarian's introduction to German edition of Beyond
Chutzpah. (03.27.2006)

Communication for Middle East Journal. (02.19.2006)

Why an Economic Boycott of
Israel is Justified. (01.14.2006)

Alleged Errors in Beyond Chutzpah. (2005)

MEMRI NAZIS (again) (10.23.2006)



New evidence of old lies (2005)
Under the heading DIABOLICAL PLOTS, I stated in Beyond Chutzpah...

Shocking revelation in the London Jewish Chronicle. ("The man on the left
earns $437,811 a year handling Shoah claims. So why are so many survivors
pleading poverty?"; 05.30.2006)

Liar, liar, Pants on fire.
(w/ full English translation of orginal article from Israeli press + image
from Israeli newspaper (2005))

Unpublished op-ed on Gaza withdrawal. (September 2005)



Video: Is Criticism of Israel Anti-Semitic?

"...quietly fill the hall with those who cannot be influenced by
Finkelstein's rhetoric" (Sat, 12 Mar 2005 17:18:01 EST)



An Introduction to the Israel-Palestine Conflict (Update: September 2002)



Articles and Reviews Related to The Holocaust Industry

Survivors Protest Holocaust Industry Shakedown (08.29.2000)



Preface to German edition of The Rise and Fall of Palestine

Postscript to German edition of The Rise and Fall of Palestine

Will THE HOLOCAUST INDUSTRY Incite Anti-Semitism?

Lessons of Holocaust Compensation

Thought Police At Work

Video/Mp3: Democracy Now! Debate: Part II

Dershowitz berates National Catholic Reporter (w/Neve Gordon's &
Finkelstein's response) (2005)

The Chronicle of Higher Education: Calif. Press Will Publish Controversial
Book on Israel. Legal wrangling and disputes over the author's claims
plagued 'Beyond Chutzpah' (2005)

The Glove Does Fit (2003)

Middle East Studies Association Salutes University of California Press for
Publishing Beyond Chutzpah (MESA ACADEMIC FREEDOM AWARDS 2005)

The Chronicle of Higher Education: "U. of California Press to Publish Book
That Alan Dershowitz Has Criticized as Anti-Semitic" (2005)

Dershowitz Exposed Yet Again: The Critique of Pure Cant
(includes title page image of the one and only item of Kant in Yiddish in
Harvard's collection (2003))

The Dershowitz Hoax: A Chronology (2003, 2005, 2006)

The Harvard Crimson: Crimson Cuts Columnist for Lifting Material (2006)

Alan Dershowitz Exposed: What if a Harvard Student Did This?