Atelier 14, article 2


2) Pierre Bourdieu et Hans Haacke :
(from Libre-Échange, 1994)

"Les Croisés de la high culture"

HH :Maintenant ce salon d’intellectuels est devenu une machine puissante, soutenue financiérement par quatre Fondations de droite : Sarah Scaife de Pitsburg, John M. Olin de New York, Smith Richardson de Caroline du Nord, et Lynde et Harry Bradley de Milwaukee. Ces "quartre soeurs", comme one les appelle, plus d’autres Fondations de droite, notamment Coors, fabricant de bière du Colorado, "l’eau claire des montagnes", sont aussi la base financière des grands instituts d’experts [think tanks], comme l’American Enterprise Institute et la Heritage Foundation de Washington et autres, qui sont liés aux universités un peu partout dans le pays. C’est à travers ce réseau que le mouvement néoconservateur élabore et fournir des idées politiques et stratégiques aux présidents républicains. C’est sous l’influence de M. Kristol que le président Reagan a adopté la supply side economics - Reaganomics ou vaudoo economics, comme George Bush l’appelait du temps où il était le rival de Reagan et avant de l’adopter lui-même- qui a ruiné le pays. Par exemple, Elliott Abrams, qui a dirigé toutre la politique d’Amérique centrale au State Department de Reagan (la contra au Nicaragua, l’appui de la droite au Salavador et Honduras, etc.), appartient à la famille, au sens vrai : il a épousé la fille de Norman Podhoretz et Midge Decter, qui sont, à côté de Kristol, les deux autres grands du mouvement. Leur fils, John Podhoretz, est rédacteur à Insight, un hebdomadaire du Washington Times. Proch d’eux est Jeane Kirkpatrick, l’ancienne ambassadrice à l’ONU. Et le fils d’Irving Kristol, William Kristol, a été chef du cabinet de Dan Quayle. Peu de temps après l’élection de Bush à la présidence, les "neocons" ont décidé d’utiliser le vice-président comme tête de pont au sein du pouvoir. Ils espéraient apparemment qu’avec leur aide ils pourraient à la longue effacer l’image de clown de Quayle, et qu’il serait leur candidat pour les présidentielles en 1996.

Le Kampfblatt culturel du mouvement néoconservateur est The New Criterion. Cette revue mensuelle, comme les autres revues du réseau, est subventionnée par les "quatre soeurs". Depuis son origine, en 1982, jusqu’en 1990, elle a reçu près de 2,5 millioins de dollars. Son sponsor le plus fidèle a toujours été la Olin Fondation de New York. Elle fournit 100.000 dollars chaque année, et c’était dans les locaux de la Olin Corporation que se trouvait la rédaction au début. Cette compagnie compte parme les grands produc\teurs américains de munitions, y compris de gaz toxique. Le présidnet de la Fondation, William Simon, faisait la quête pour la contra comme Elliott Abrams. La Fondation subventionne un nombre importrant d’instituts et de professeurs dans les universités américaines, y compris à l’université de Chicago le John M. Olin Center for Inquiry into the Theory and Practice of Democracy (Centre de recherche en théorie et pratique de la démocratie) d’Allan Bloom et le John M. Program en histoire de la culture politique de François Furet.(*)

(*)Jon Wiener, "The Olin Money Tree : Dollars for Neocon Scholars," The Nation, January 1, 1990, p.12-13. (HH)

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